«Nous avons opéré un virage éditorial important». Si l'on en croit Taoufik Bouchaâra, directeur du pôle fiction au sein de la SNRT, la première chaîne nationale aurait, cette année, décidé de «tourner sa veste» pour un menu moins burlesque, mais qui s'inscrit toujours dans la ligne de la fiction... contemporaine cette fois-ci. «Nous nous sommes beaucoup plus engagés sur les projets de mini-feuilletons», explique Bouchaâra. Au total, c'est à une demi-douzaine de séries que les téléspectateurs auront droit avant, pendant et après l'heure du ftour. Si certaines font leur première apparition cette année, telles que Zin Fi Talatin, Yak Labass, Machi Lakhatri (le rendez-vous phare de ce ramadan) ou encore Sawt nssae, d'autres, par contre, confirment le rendez-vous annuel avec les téléspectateurs et en sont même à leur 3e et 4e saison (La Brigade et Saâ fi al jahim). Côté contenu, la commission de lecture de la SNRT a pris le parti de faire dans «l'humour au second degré», éclaire notre interlocuteur. Un choix qui, selon Bouchaâra, aurait été réalisé à la lumière des résultats d'audience obtenus au cours de l'année précédente. Rappelons que le dernier Ramadan n'a pas vraiment été brillant pour la première chaîne, d'autant qu'à l'époque, 2M avait sorti une artillerie de nouveaux concepts, pour certains renouvelés cette année d'ailleurs. Pour 2011, le match ramadanesque s'annonce encore plus serré, puisqu'en plus de l'habituelle confrontation 2M-Al Oula, voici que la «nouvelle» chaîne généraliste nationale Medi1 TV s'en mêle. Sans parler bien sûr des chaînes de télévision étrangères aux quatre coins des satellites qui, pour certaines, continuent à être une alternative de choix aux programmes qui ne répondent pas aux attentes. En attendant de parler chiffres, à travers la lecture des résultats d'audience, les trois TV sont bien décidées à mettre toutes les chances de leur côté pour être «la» chaîne du Ramadan. C'est donc dans cette optique qu'Al Oula a choisi le «virage éditorial». Un virage qui, soit dit en passant, lui aura coûté beaucoup plus cher que l'année précédente. Un format court demandant plus d'investissement qu'un format long de type téléfilm, Taoufik Bouchaâra reconnaît que la production de Ramadan 2011 aura demandé une enveloppe plus conséquente. Concrètement, si un téléfilm coûte à la chaîne entre 950.000 et 1,15 million de DH, une série de 26 minutes reviendra entre 175.000 et 250.000 DH par épisode, et 150.000 à 200.000 DH pour un 13 min. Et cela sans compter les moyens techniques mis à disposition par la chaîne. «Les prix ont augmenté» commente Bouchaâra, mais la production ramadanesque ne sera pas – contrairement à ce que l'on serait porté de croire – entièrement exploitée au cours du mois sacré. «Avec ce que l'on a produit pour Ramadan, nous avons de quoi diffuser pour le reste de l'année» affirme le directeur du pôle fiction. De son côté, 2M, qui revient cette année avec la deuxième saison de la sitcom de voisinage «Dima Jirane», semble rassurée quant au match ramadanesque qui se prépare. Lorsqu'il s'agit de savoir s'il y a concertation entre les différentes chaînes du pôle audiovisuel public - histoire d'éviter les doublons - Abderrahmane Amzelloug, conseiller des programmes de fiction, nous confie qu'aucune concertation n'est faite. «D'autant que chaque chaîne a un positionnement différent», ajoute-t-il. À cette différence près qu'elles sont toutes généralistes. Quoiqu'il en soit, côté budget, pas de grand changement cette année à en croire le responsable : «une minute de tournage pour un téléfilm revient à 10.000 DH environ. C'est ainsi depuis que nous avons commencé à produire au début des années 2000, les frais ne changent pas». Ce qui n'empêchera pas la chaîne de Aïn Sebâa de miser sur le savoir-faire. «La SNRT dispose de beaucoup plus de moyens que nous, mais nous sommes plus exigeants», argue Amzelloug. Et Medi1 TV dans tout cela ? Silence radio. La chaîne qui a annoncé son arrivée sur le marché ramadanesque comme la confirmation de son positionnement de chaîne généraliste, reste muette quant aux budgets consacrés à la production de ses programmes. Et encore. Contactée par Les Echos quotidien, la chaîne n'a pas souhaité commenter..., même le processus de sélection des concepts produits par la chaîne...