Une chose est certaine: la 18e édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca, qui a fermé ses portes dimanche, marque le début de la saison culturelle marocaine. Si cette manifestation avait perdu beaucoup de son éclat ces deux dernières années, elle a pu cette année renaître de ses cendres. Dix jours durant, les férus du livre et de la lecture se sont réunis à l'Office des foires et des expositions de Casablanca afin de découvrir les dernières publications des écrivains et intellectuels marocains et étrangers. Avec plus de 700 exposants appartenant à 44 pays, l'édition de cette année a offert aux visiteurs une certaine diversité quant aux livres exposés. Des livres sur la religion, la médecine, l'anthropologie ou encore les sciences politiques et sociales s'entassaient pêle-mêle entre des romans et des essais. Toutefois, les avis des visiteurs sont mitigés. «C'est mal organisé à l'intérieur des stands», se lamente un visiteur. À l'instar des éditions précédentes, celle de cette année a été critiquée pour une «certaine anarchie sur le plan organisationnel». Cela s'explique, selon le directeur du livre au ministère de la Culture, Hassan El Ouazzani, par les conditions de préparation de cette édition. «Cette année a été préparée en un temps record», explique-t-il. Toujours dans le même registre, certains assurent que la plupart des visiteurs n'achètent pas, mais se contentent de faire le tour des stands. «Rares sont ceux qui consomment. De plus, c'est le livre scolaire qui intéresse les visiteurs du Salon. Peu nombreux sont ceux qui s'intéressent aux essais», affirme le responsable d'un stand marocain. Des avancées, mais ! Si le livre, l'invité principal de cette édition n'a pas réussi à voler la vedette, selon certains éditeurs, les conférences, les tables rondes et les rencontres mises en place dans le cadre du Salon, elles, ont drainé un public nombreux. Lors de ces rendez-vous, des intellectuels d'ici et d'ailleurs ont discuté de différents sujets relatifs notamment à l'actualité socio-politique au Maroc et dans la région arabe. «Il convient de souligner la contribution de l'action culturelle à cette mobilité qualitative que connaît le pays». Partant de ce fait, le département de tutelle, qui a mis fin au conflit, qui l'opposait aux intellectuels marocains, était l'initiateur de rencontres enrichissantes. D'autres invités, notamment le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et les instituts étrangers se sont impliqués corps et âmes pour réussir ce pari. C'est ainsi que l'Institut français de Casablanca a initié une série de rencontres nocturnes à l'ancienne médina où la poésie et la musique étaient incontestablement les mots d'ordre. Cependant, l'on se demande aujourd'hui, si cette édition placée sous le thème «Un temps pour lire, un temps pour vivre» a tenu toutes ses promesses. A-t-on réussi en effet, à faire comprendre aux jeunes et moins jeunes que la lecture est un exercice très important ? A-t-on fait lors de ce Salon une véritable promotion du livre marocain ? Les éditeurs et les intellectuels marocains sont-ils prêts, après cette édition à coopérer avec le ministère de la Culture ? Autant de questions auxquelles les responsables du département de Sbihi, tenteront de répondre dans les prochains jours puisqu'une évaluation de cette 18e édition est déjà en cours. L'union fait la force Décidément, le stand du CCME-ICPC-CNDH-CC a volé la vedette lors de cette 18e édition du SIEL. Pendant dix jours, plus de 5.000 visiteurs ont pu débattre et interagir avec les 300 femmes et hommes de lettres, personnalités politiques, chercheurs, artistes et acteurs associatifs, du Maroc et d'une vingtaine de pays étrangers. En effet, la programmation conjuguée des quatre institutions a permis de partager avec le public des moments de réflexion et de débats autour de bons nombre de sujets, notamment la littérature dans l'immigration, le printemps arabe, la bonne gouvernance au Maroc ou encore les droits de l'homme. Kamel Jendoubi, Elias Sanbar, Edwy Plenel, Abdellatif Laâbi, Fatéma Hal, Fatima Houda-Pépin (première vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec) et Fatiha Saïdi (sénatrice belgo-marocaine) et bien d'autres personnalités ont animé les rencontres et les tables rondes de ce stand. Par ailleurs, le public a pu découvrir, durant la période du Salon, une librairie riche de plus de 3.000 titres et revues sur des sujets divers.