Hier, rappelez-vous, je vous ai parlé des marronniers. Maintenant que vous savez ce que c'est, je vais vous en servir un tout chaud. Je devrais dire «tout réchauffé», car comme tout marronnier qui se respecte, il est perpétuellement resservi. Mais, croyez-moi, le marronnier que je vous ressers aujourd'hui, mérite vraiment qu'on le remette indéfiniment sur la table. Il s'agit des sempiternels festivals. D'abord, je dois préciser un point : je ne suis pas contre les festivals, par principe. Bien au contraire, je pense que ce sont des événements nécessaires et indispensables à la vie de la cité. Malheureusement, au Maroc, depuis que nos responsables ont découvert ce «truc», ils croient qu'ils ont réinventé le cirque. Je ne crois pas si bien dire, car ils nous prennent pour des rigolos, et, eux, c'est pire, ils se prennent pour des clowns. S'ils croient que peut être clown qui veut... En vérité, je devrais atténuer un peu cette histoire de cirque. Bien sûr, vous l'aviez compris, quand j'en ai parlé, c'était par référence aux jeux du cirque qui ont été créés par les empereurs romains pour amuser le peuple même si, paraît-il, l'amusement public serait une chose d'origine grecque. Toujours est-il, si j'ai fait le parallèle avec le cirque romain c'est parce que ce n'est pas totalement inapproprié, même si dans nos festivals, les gladiateurs ne sont pas légion. Par contre, le cirque, dans sa forme moderne et contemporaine, est «un concept» foncièrement culturel. Et voilà où je voulais en venir. Justement, dans un cirque, en plus du spectacle souvent beau et impressionnant, on y apprend un tas de choses sur les hommes, sur les animaux, sur les performances, sur ses limites humaines... On y découvre la joie, la tristesse, le partage, la convivialité, l'indulgence, la générosité... Et, en général, quand on sort d'un cirque, on est non seulement heureux, parce qu'on a oublié un peu ses soucis du jour et ses préoccupations de fin de mois, mais surtout, on se sent...comment dire... plus riche. C'est normal, parce qu'on sort avec plein de choses nouvelles dans la tête. Et c'est ça, entre autres, ce qu'on appelle «la culture». Or, nos festivals à nous, c'est, généralement, tout et n'importe quoi. D'ailleurs, ils se ressemblent presque tous. Je dis bien «presque», parce que, heureusement, qu'il y a quelques rares exceptions, qui se reconnaîtront. Le reste, c'est du «copier - coller» du niveau zéro. D'ailleurs, c'est simple, il n'y a que de la musique. Que dis-je ? Du tintamarre ! Du vacarme organisé. Je crois qu'ils veulent nous assourdir pour mieux nous abrutir. On ramène les mêmes chanteurs « égosilleurs », les mêmes groupes – je devrais dire «les mêmes bandes» - «gueuleurs», et, bien sûr, les mêmes animateurs «chauffeurs»... et rebelote. Comme l'année dernière et comme l'année prochaine. C'est désespérant ! Vivement la créativité !