Il y a de ces sujets qui reviennent régulièrement sur le tapis et qui, à mon humble avis, ne servent strictement à rien, sauf, peut-être, à faire couler plus d'encre et, donc, écouler plus de papier. Et quand on connaît les dégâts de l'écoulement inutile de papier sur, notamment, les arbres, on devrait s'intéresser à des choses plus intéressantes. Et à propos d'arbres, les sujets dont je parle et que j'aimerais bien qu'on n'en parle plus parce qu'il y a mieux à faire, c'est ce qu'on appelle dans le monde du journalisme : les «marronniers». Je ne sais si vous le saviez déjà, sinon, vous aurez au moins appris ça. Moi, bien entendu, de par mes occupations et mes préoccupations, je connaissais depuis longtemps les «marronniers», mais par acquis de conscience, je suis allé voir Tonton Google, toujours prêt et dispos, qui m'a répondu tout de go : «Un marronnier en journalisme est un article d'information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. Tout comme le marronnier (l'arbre) qui invariablement, tous les ans, produit ses fruits, le marronnier journalistique reproduit les mêmes sujets avec plus ou moins d'originalité. Les sujets «débattus» dans un marronnier sont souvent simplistes, parfois mièvres». Je vous rappelle que ces propos ne sont pas les miens, mais entre nous, je n'en pense pas moins. Bon, maintenant que le décor est planté – c'est le cas de le dire – j'en arrive au marronnier du jour : «Quel est le salaire d'Eric Gerets ?». Cette question, vous l'avez compris, bien sûr, est déjà revenue auparavant, plusieurs fois, exactement la même, il n'y a que le nom qui change : «Quel est le salaire de Roger Lemerre ?». «Quel est le salaire d'Henri Michel». Ou zide ou zide... (je ne vais quand même pas vous les faire tous !). On a l'impression que les journalistes font de cette question bassement matérielle, une question existentielle. Il y a quelques jours, j'ai assisté incidemment à une conférence de presse donnée par le très dynamique, mais néanmoins très polémique ministre de notre jeunesse en continuel stress et de nos sports en perpétuel remords. Dès la fin du speech du ministre, qui portait sur absolument autre chose, devinez quelle était la première question qu'on lui a posée... Exactement ! «Quel est le salaire d'Eric Gerets ?». Notre ministre avait beau essayer d'expliquer que seul le concerné avait le droit de le divulguer, s'il en avait envie, l'interrogatoire n'a pas cessé. Je pense que seuls les psys pourraient expliquer les raisons de l'intérêt démesuré et redondant qu'accordent nos journalistes, et même nos parlementaires qui, eux, sont vraiment mal placés pour le faire, à cette question de salaire «élevé» des entraîneurs étrangers. Quant à moi, ça fait longtemps que je me suis fait ma propre religion : le problème n'est pas de savoir combien on gagne, mais combien on fait gagner. C'est bien dit ? Vous trouvez ? Eh ben... Merci !