Selon les données du gouvernement, 500.000 postes d'emploi ont été créés en 2017 et 2018 dont 341.756 dans le secteur privé et 140.000 dans le secteur public. À ce rythme, la concrétisation des engagements gouvernementaux à l'horizon 2021 semble visiblement sur la bonne voie. Or, du côté de l'opposition, c'est le scepticisme qui prévaut! Les chiffres annoncés par le gouvernement sont vertement critiqués car ils «ne sont pas basés sur une méthodologie scientifique», selon les parlementaires qui plaident pour le respect des normes internationales en matière de calcul de la création d'emploi. L'exécutif s'appuie, en effet, sur les nouvelles inscriptions à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Cette méthodologie ne peut pas donner des résultats fiables, selon l'opposition, qui appelle à ne prendre en considération que les données du Haut-commissariat au Plan (HCP). Selon cette institution, entre 2017 et 2018, l'économie marocaine a créé 112.000 postes d'emploi, contre une création de 86.000 une année auparavant. Et entre le 3e trimestre de 2018 et la même période de 2019, l'économie marocaine a créé quelque 143.000 postes nets d'emploi. Le Président de la commission des finances et du développement économique à la Chambre des Conseillers explique la position prise par l'opposition contre les chiffres relatifs à la situation du marché de l'emploi, avancés par le gouvernement. Interview... Pourquoi avez-vous critiqué le gouvernement lors de la séance des questions orales sur les données en matière de création de postes d'emploi ? Le gouvernement a commencé, il y a quelques semaines, à donner des chiffres sur l'emploi sans que personne ne réagisse. Dans les conditions actuelles, on ne peut pas créer 500.000 postes en deux ans, comme le relève le gouvernement. Cela relève de l'impossible en raison de tous les paramètres actuels. Vous doutez de la méthodologie du gouvernement ? Le gouvernement ne s'appuie pas sur les chiffres du Haut-commissariat au Plan (HCP) dont la méthodologie est conforme aux normes internationales. Le gouvernement présente des chiffres basés sur les nouvelles inscriptions à la CNSS. Or, il s'agit d'une hérésie. Au niveau de la CNSS, certaines nouvelles inscriptions ne sont que de simples régularisations de la situation des salariés qui travaillent déjà. Il faut aussi prendre en considération les pertes d'emploi qui n'impliquent pas dans l'immédiat désinscription de la CNSS. À cela s'ajoutent les 8.000 entreprises qui font faillite et qui restent pendant un moment inscrites à la CNSS. On a aussi la perte d'emploi de ceux qui ne sont pas enregistrés dans la CNSS et qui ne sont pas comptabilisés dans le calcul du gouvernement. Quid du taux de croissance réalisé au cours des dernières années ? Effectivement, le taux de croissance est très faible. En outre, on note une baisse considérable de l'impact du taux de croissance sur la création de l'emploi au Maroc Avant 2011, un point du PIB permettait de créer 30.000 emplois soit la création de 150.000 emplois pour un taux de 5 %. Actuellement, le taux de croissance est plus faible qu'avant et le point du PIB crée moins de 15.000 postes d'emploi. Avec un taux de croissance de 2,3 %, l'économie ne peut créer que 60.000 à 70.000 emplois par an. La problématique de l'emploi ne peut être résolue sans la promotion de la croissance. Malheureusement, il y a un immobilisme au niveau national. C'est pire encore au niveau territorial en raison des disparités régionales. ----