La France décide finalement de mettre fin au Franc CFA, après 75 ans de tutelle monétaire de l'Afrique de l'Ouest. Est-ce pour autant le vrai tournant de la CEDEAO? Le Maroc est, bien sûr, concerné par cette mesure puisqu'il aspire à une totale adhésion à la CEDEAO, comme il l'a exprimé plusieurs fois après son retour au sein de l'Union africaine. L'affaire se corse puisque la monnaie marocaine est irremplaçable pour le royaume, et cette donne s'ajoute aux réticences de certains pays comme le Nigeria à cette adhésion qu'on redoute sous prétexte que le Maroc pourrait faire de l'ombre à l'hégémonie de Lagos, mais aussi du fait de la capacité de ses hommes d'affaires à investir les marchés ouest-africains. Maintenant, sur le fond, le retrait de la tutelle française est un signe de souveraineté africaine et une rupture avec la «Françafrique». Faut-il rappeler que les pays de la zone FCFA étaient obligés de déposer la moitié de leurs réserves en devises à la Banque de France? L'Hexagone a, plus d'un siècle durant, accaparé les richesses de l'Afrique; il est temps, en 2020, de remettre à l'Afrique de l'Ouest sa véritable indépendance, celle économique et financière. Quand le président Macron qualifie le colonialisme d'erreur historique, cela ne peut être que salutaire, un signe de changement de paradigme au niveau français et une prise de conscience: le monde a changé et l'économie mondiale connaît de nouvelles entrées en fanfare, comme la Chine et la Turquie en Afrique. Ce sont donc sept pays qui, dès 2020, déploieront la nouvelle monnaie «ECO», à parité fixe rattachée à l'euro, et entameront une nouvelle page de leur économie avec, aussi, le départ des représentants français des instances de gouvernance de la politique monétaire de ces pays. Tout cela sonne comme la chute de l'autre mur de Berlin.