Pour faire une Coupe du monde, prenez les 32 meilleures équipes de football de la planète, des centaines de millions de supporters et un pays qui compte plusieurs dizaines de stades de grande capacité. Organisez le tout en 16 matchs, à vous couper le souffle. Laissez agir pendant un mois, et accordez des milliers d'accréditations presse pour faire monter la sauce. Vous obtiendrez, au final, un événement universel qui réunira des milliers de nationalités à travers le monde, marquera des générations après son passage et rapportera quelques milliards d'euros à la FIFA. Si l'on ne compte que les droits de retransmission, cela représente la «bagatelle» de 2,1 milliards d'euros, comme l'annonçait Nicolas Ericson, directeur télévision de la Fédération, alors que l'organisme sportif aura à peine investi 128 millions d'euros de coût de production, soit 1.540% de marge! Autrement dit, le tiers du bénéfice total que l'événement sportif de l'année aura permis à la FIFA d'empocher. C'est la recette d'une Coupe du monde réussie ! La Coupe est pleine ! Pour la profession, la Coupe du monde n'a pas été de tout repos : huit agressions physiques et verbales, une délégation camerounaise SHF (sans hébergement fixe), une arrestation, et surtout zéro droit de retransmission pour plusieurs chaînes nord-africaines. Tristement, le Maroc faisait partie du mauvais lot, n'ayant ainsi aucun droit de retransmission sur l'une des chaînes nationales. Du coup, les médias télé et radio ont dû faire preuve d'imagination pour continuer à arroser d'informations les fans de foot. Sans quoi, la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) aurait dû débourser la modique somme de 15 millions de dollars, au profit de la chaîne qatarie, Al-Jazeera. Ce qui représenterait à peu près, selon un responsable au sein de la société, le budget global de la chaîne consacré à la couverture sportive. Entre un Mondial sans Maroc, l'ensemble des événements sportifs marocains et les nouveaux enjeux de mise à niveau du sport national, le choix est vite fait ! Et de l'imagination, ils en ont eu, nos médias nationaux. Pas d'images ? Qu'à cela ne tienne, 2M a trouvé la parade. Une Coupe du monde en 3D. Enfin presque. Pendant un mois, la chaîne de Ain Sebâa n'a pas lésiné sur les moyens techniques pour reproduire les meilleurs moments de la Coupe en images de synthèse. Ronaldo, Kakà, Drogba, Gerrard, Forlan, Sneijder, ont cédé leurs places à de petits personnages aux couleurs de leur équipe. Une mise en bouche footballistique qui témoigne tout de même de la bonne volonté de la chaîne. Arriyadia a essayé tant bien que mal de maintenir un plateau quotidien pour revenir sur les moments forts et les pronostics des différentes phases de la compétition. Et si Medi1 Sat a tout de même joué le bon élève en consacrant une heure quotidienne de son antenne à l'événement, avec l'émission «Saat l'mondial», Al Oula, elle, est restée assez discrète par rapport à ses concurrentes. Côté radio, l'événement a largement marqué les auditeurs, assurant l'actualité de la Coupe toutes les heures. Quant à Radio Mars, elle a carrément suivi la compétition en direct à partir des studios casablancais. Il lui aura suffi d'un abonnement télévisé pour que les auditeurs de la station sportive aient comme l'impression d'être au cœur des tribunes grâce aux commentaires en direct des chroniqueurs.