Dans sa récente rencontre avec la presse, la direction Recherche et stratégie de marché de CFG Group, représentée par son directeur général associé, Younes Benjelloun, est revenue sur les enseignements de «l'année boursière 2011 et les perspectives 2012» pour le marché et les investisseurs. S'il n'était guère besoin de rappeler la morosité de la place boursière de Casablanca tout au long de l'année dernière et depuis 2008, CFG group se veut en revanche optimiste pour l'année qui s'ouvre. Fin du cycle baissier, sortie de crise, reprise des IPO, une kyrielle de bonnes nouvelles, toutes argumentées, expliquées et contextualisées, qui a fait oublier à l'assistance à quel point la Bourse nationale a manqué de dynamisme en 2011. «La fin du cycle baissier est située quelque part en 2012», entonne Benjelloun. Plus encore, le volume des échanges devrait «croître de 15 à 20% cette année», tout autant que «la masse bénéficiaire progressera de 11%». La performance du marché devra de ce fait se situer entre 5 et 10% d'ici la fin de l'année. D'un point de vue macroéconomique, ces résultats projetés trouvent leurs premiers fondements dans la corrélation positive entre la performance de l'économie nationale et celle de son image renvoyée par la performance des sociétés cotées et du marché. «Avec un taux de croissance entre 4 et 5%, et au regard du peu d'entreprises cotées exportatrices», et donc susceptibles d'être affectées par la baisse des activités en Europe notamment, «il y a de fortes chances que la consommation intérieure reprenne», emmenant dans son sillage l'activité des sociétés cotées. Et si on sait davantage qu' «à la croissance du PIB national sur la dernière décennie correspond à chaque fois une croissance annuelle double du marché boursier», il est donc plus que probable que le marché s'«aligne sur les fondamentaux et les multiples constatés en 2004-2005», date à laquelle a succédé une phase exceptionnelle de performances du marché boursier. Suivant ce schéma, «la masse bénéficiaire, estimée à 4% et à 10% hors IAM, connaîtra une croissance de 11% prévue pour 2012, contre un taux de croissance annuelle moyen de 27 % sur la période 2004-2007 et de 10% entre 2008 et 2010». Trois pics Comme en 2004, le volume des échanges en % de la capitalisation boursière en 2012 avoisinera celui réalisé en 2004, soit 11% contre 12% en 2004 (- 37% en 2011). Le résultat net projeté, en valeur, devrait tourner autour de 34,9 MMDH, soit 11% de plus qu'en 2011. Il sera tiré principalement par le secteur de l'immobilier (croissance de 39% à 4,3 MMDH), les banques (12% à 10,2 MMDH) et les mines (45% à 1,8 MMDH). Des prévisions donc pour 2012 qui enterrent définitivement les performances de 2011. Les graphes et les chiffres retraçant l'évolution du marché, selon ses différents multiples, parlent d'eux-mêmes et ... rassurent, si on les déploie notamment sur une période plus longue, soit sur la dernière décennie. Il est vrai alors que si on compare la performance du marché en 2007 à celle de 2011, «on a l'impression que le marché s'est réellement décliné et fortement». Or, suivant nombre d'éléments qui échappent à l'analyse statique, la méforme du marché sur toute la dernière décennie «est quelque peu à nuancer». Pour l'année 2011, l'appréciation du repli du marché et sa portée pour les investisseurs et les observateurs trouvent par exemple son salut dans trois événements conjoncturels d'importance. «Attentat terroriste de Marrakech» d'abord, en mai, qui correspond au premier minima atteint par le marché en 2011. «La baisse technique induite par le détachement du coupon IAM», ensuite qui a quelque peu perturbé le marché, au vu du poids prépondérant de la valeur IAM par rapport aux autres valeurs cotées. Et puis il y a eu l' «annonce puis l'annulation de la cession de 7% de IAM» (août), qui coïncide alors avec le plus bas niveau atteint par la performance du marché depuis le début de l'année, un niveau qui ne sera d'ailleurs pas égalé les mois suivants. Suit alors une dernière phase de repli progressif, agrémentée en fin d'année par d' «importants mouvements d'allers-retours des investisseurs». Quatre évènements donc qui atténuent quelque peu les critiques acerbes vis-à-vis des standards et des dynamiques du marché national. Vous avez dit «chère»? Partant de ce constat, Benjelloun dédouane les contreperformances du marché en démontrant que depuis 1996 le marché évolue suivant une dynamique positive qui, grevée des conséquences de la crise de 2008 et imputée de l'exception boursière de 2006 – 2007, est revenue à la norme en 2011, avant de reprendre une ascension viable en 2012. Pour Benjelloun rappelons-le, la reprise est en effet située «quelque part en 2012». Autre certitude enrayée, celle qui voudrait que le marché marocain soit considéré par beaucoup comme «trop cher pour les investisseurs». En comparaison des PER en vigueur chez nos concurrents régionaux, soit la Tunisie (PER à 15,6), la Turquie (13,5) ou l'Afrique du sud (19,9), un PER du marché national à 16,4 laisse croire «à première vue que les multiples de valorisation du marché marocain semblent relativement chers». Cependant, si on tient compte du fait que «le marché marocain présente un profil plus défensif et à plus haut rendement» que ses concurrents, avec «un coût du risque significativement moins élevé», les multiples de valorisation de la Bourse de Casablanca ressortent «plus faibles», pour peu qu'ils soient «retraités du coût du risque», c'est-à-dire appréciés «en termes relatifs». La même démonstration appliquée au P/B débouche sur des résultats similaires. Pour l'année 2012, ces deux multiples se stabiliseront à des «niveaux comparables à 2004-2005», soit respectivement 14,7 (14,7) pour le PER et 2,8 (2,9) pour le P/B.