La constitutionnalité de la Chambre des conseillers n'est pas contestée, mais son rôle laisse perplexe, notamment dans un pays comme le Maroc. L'on constate souvent que la salle plénière de la deuxième Chambre est quasi-vide, lors de la discussion de sujets très importants, tels que le projet de Loi de finances (PLF) et les questions mensuelles adressées au chef de gouvernement. C'est à se demander à quoi sert cette chambre, sinon à constituer un fardeau pour les ministres, contraints de sacrifier une journée de leur semaine. Cela est énorme, surtout pour l'argentier du royaume, obligé de repasser son grand oral à l'occasion du PLF et de faire des allers-retours entre la Chambre des députés et celle des conseillers. Cela veut-il dire que le Parlement ne sert à rien ? Non, c'est un débat populiste, anti-démocratique qui témoigne d'une réelle ignorance. Un travail de fond se fait en backoffice par les députés, notamment en commissions sectorielles et en commissions d'investigation. Je prendrai deux commissions auxquelles je m'intéresse depuis quelques mois, à savoir celle des finances et celle du contrôle des établissements publics, et je peux témoigner de la richesse des débats, de la profondeur du travail accompli et de journées de travail qui se terminent parfois très tard dans la nuit. Le seul hic, c'est qu'il y a très peu de communication; du coup, le grand public ne retient qu'un hémicycle vide et des images tronquées de quelques parlementaires somnolents durant les plénières. En revanche, les habilitations de la deuxième Chambre demeurent énigmatiques. Aujourd'hui dominée par l'opposition (PAM, PI et syndicats), elle pourrait rejeter le PLF et le renvoyer ainsi vers la Chambre des députés... et rebelote. Il faudrait oser ouvrir le débat sur la nécessité d'une telle chambre et, le cas échéant, amender la Constitution. C'est là que l'Etat gagnerait en efficacité et en rentabilité.