«L'avenir de l'Europe est au Sud» est l'intitulé du dernier livre de l'ancien ambassadeur et ex-secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UpM), Fathallah Sijilmassi présenté, jeudi à Bruxelles, dans le cadre de ses activités académiques. Cet ouvrage est édité en collaboration avec le prestigieux think tank Center for European Policy Studies (CEPS) et l'association euro-méditerranéenne des Economistes (EMEA). Il s'agit d'une contribution à l'analyse des nouveaux paramètres dans lesquels évoluent aujourd'hui les relations euro-méditerranéennes en tenant compte des évolutions observées au sein de l'Union Européenne, de la région méditerranéenne, de l'Afrique et, d'une manière plus générale, du monde. Dans son ouvrage, qu'il a présenté au siège du CEPS, Fathallah Sijilmassi défend l'idée selon laquelle l'Union Européenne devrait adopter une nouvelle vision pour ces relations avec son voisinage méditerranéen et Africain, rappelant fort justement que la Méditerranée est également une mer africaine. Près de 25 ans après le lancement du Processus de Barcelone en 1995 et plus de 10 ans après celui de l'UpM, la Méditerranée n'est quasiment plus présentée en Europe que sous l'angle des problèmes sécuritaires auxquels elle est confrontée, estime l'auteur, relevant que le fait de limiter cette région à la seule gestion d'un agenda négatif serait une erreur et une injustice faite à des millions de personnes engagées chaque jour dans une action volontaire, positive et collective. Et s'il fallait voir les choses autrement ? s'interroge l'auteur dans ce livre préfacé par l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine. La Méditerranée n'est pas un problème. C'est une formidable opportunité soutient l'auteur, notant qu'il faut oser un agenda positif pour la région et pour l'ensemble de l'Afrique. Car un agenda positif pour la Méditerranée et pour l'Afrique est un agenda positif pour l'Europe puisque l'avenir de l'Europe est au Sud. Dans le cadre de son analyse, Sijilmassi met notamment en évidence, la place particulière et centrale du Maroc, qui, sous l'impulsion du Roi Mohammed VI, est un acteur fondamental pour la définition de l'avenir des relations de l'Union européenne avec les pays du Sud. Il précise à ce sujet que « c'est avec le Maroc que l'Union Européenne réussira ou non sa politique au Sud » eu égard aux nombreux exemples donnés par l'auteur de réalisations marocaines au niveau national, de ses relations avec l'UE, de son engagement méditerranéen, ainsi que sa stratégie dynamique de coopération renforcée Sud-Sud en Afrique. Lors du débat ayant suivi la présentation de l'ouvrage, Michael Koehler, directeur général adjoint de la direction de la protection civile et des opérations d'aide humanitaire européennes, s'est dit convaincu que la Méditerranée restera dans l'agenda de l'Europe, à la fois politiquement et financièrement, notant que le problème actuel n'est pas celui des ressources mais de la capacité des gouvernements à travailler pour trouver des solutions et utiliser efficacement les financements de coopération disponibles. Il plaide pour une coopération thématique axée sur des questions liées, entre autres, à l'éducation ou encore le changement climatique, en insistant sur l'impératif de faire une narration positive des success stories en la matière. Abondant dans le même sens, Rym Ayadi, directrice du Réseau euro-méditerranéen des études économiques et présidente de l'Association Euro-méditerranéenne des Economistes a souligné l'importance de promouvoir un agenda positif de la coopération euro-méditerranéenne en développement une approche pragmatique qui va au-delà de la perception négative de la migration, celle-ci devant être un facteur de développement, partageant en cela l'analyse de Fathallah Sijilmassi qui considère que le futur de l'Europe est dans le sud de la Méditerranée. La présentation de l'ouvrage s'est déroulée en présence d'un parterre de diplomates, d'acteurs politiques, de chercheurs et de représentants de médias européens.