«3.063 infractions relevées», tel est le bilan de l'auto-construction dans les artères de la province d'Agadir Ida Outanane. Il ne s'agit là que des infractions déposées auprès du parquet général en 2011, mais en réalité, le nombre dépasse de loin les 4.000 constructions. Devant l'ampleur de ce phénomène, les autorités ont affiché leur fermeté pour enrayer le fléau. D'ailleurs, les membres de la commission d'inspection ont fait le déplacement, en fin de semaine dernière, à Agadir. Il s'agit de Charki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Allal Sekrouhi, wali, directeur général des collectivités locales et Es-Saïd Zniber, secrétaire général du ministre de l'Habitat et de l'urbanisme. «Notre déplacement fait suite à l'amplification de l'auto-construction et au dérapage urbanistique qui ont pris des tournures dangereuses, notamment à travers l'occupation du domaine public et d'autrui», a déclaré Charki Draiss. Et d'ajouter que «les résultats de l'enquête menée par la commission d'inspection devront déterminer les responsabilités et poursuivre les personnes impliquées dans la multiplication du phénomène». La visite de cette commission intervient au moment où les autorités locales à Agadir ont déjà mené une guerre sans relâche contre l'auto-construction. L'approche adoptée s'est articulée principalement autour de l'interdiction de l'arrivée des matériaux de construction dans les zones touchées, la sanction judiciaire contre les personnes impliquées et l'éradication des habitations sans autorisation de construire. Les opérations de démolition ont permis, en effet, de détruire les constructions illégales sur la plage d'Aghroud dont le foncier appartient officiellement à la SMIT (ex-Sonaba), dans la commune d'Aourir et les piémonts d'Agadir, notamment à Ighil Ouderdour, Ait Taoukt, Ait Mouden et Imouncice. Il y a lieu de noter qu'à l'origine du phénomène, plusieurs facteurs sont intervenus et ont provoqué conjointement ce dérapage. Il s'agit en premier lieu de la défaillance des autorités locales qui ont fait preuve de laxisme après les incidents qui ont secoué le Maroc. Cette intensité de mouvements d'auto-construction s'explique aussi par le dysfonctionnement qu'a connu le programme d'habitat économique et celui de «villes sans bidonvilles» (13.000 parcelles octroyées). Selon plusieurs intervenants, les catégories censées bénéficier de ces programmes n'en ont pas tirer profit. De surcroît, le retard accusé en termes d'octroi de certificats de construction, la lourdeur administrative, en matière de traitement des dossiers et de la préparation des documents d'urbanisme ont été également derrière l'accumulation de ce phénomène. C'est pourquoi, au cours de la réunion tenue au siège de la wilaya d'Agadir, la commission a exprimé sa prédisposition à régler les problèmes par la simplification des procédures et des règlements des lotissements tout en renforçant le contrôle et la sanction des personnes qui ont profité de cette situation.