Dans le cadre d'une conférence organisée à Marrakech, des intellectuels, éditeurs et écrivains issus du Monde arabe ont débattu samedi, à Marrakech, de la relation et des interactions entre l'écriture et l'oral (la parole) ainsi que des politiques linguistiques dans les pays arabes. Lors de cet échange, l'écrivain et ancien ministre de la Culture et de la Communication Mohamed Achaari, s'est positionné contre ceux qui appellent à opérer une révolution sur la langue arabe afin qu'elle soit en mesure d'accompagner la modernité et les grandes mutations survenues au niveau mondial, au contraire, a-t-il soutenu, les récents progrès qu'a connus la langue arabe. Sur le même champ, M. Achaari, a rapporté que « la préservation de la richesse linguistique impose de préserver le patrimoine linguistique oral (dialecte), relevant que le passage de l'oral à l'écrit "a tué l'oralité et les composantes orales et patrimoniales des langues". Dans le même ordre d'idées, l'écrivaine et éditrice libanaise, Rasha Al Ameer, a abordé dans son intervention les moyens à même de transformer la langue arabe en une langue moderne, "élégante" et proche des générations montantes. R.Al Ameer a aussi évoqué la responsabilité des maisons d'édition dans la diffusion de livres de la langue arabe, même si elle note une "absence d'éditeurs professionnels et de politiques publiques capables de contribuer à la diffusion du livre au Monde arabe". Pour l'écrivain marocain Mohamed Berrada, la parole est liée à la spontanéité, l'expression des sentiments et le dynamisme de la langue alors que l'écriture distance la spontanéité et l'instantanéité de la situation. Il a par ailleurs souligné que la langue dialectale et orale méritent d'être préservées pour ne pas se perdre, exprimant son refus d'utiliser la langue dialectale dans l'écriture littéraire. Cette manifestation culturelle connait la participation de quelque 40 écrivains représentant respectivement le Maroc, le Liban, l'Algérie, la Tunisie, la France et l'Afrique sub-saharienne, et proposant des livres en langues arabe, amazighe et française. Au terme des sessions de débats, les 40 écrivains dédicaceront leurs livres sur l'esplanade de la Koutoubia, et les lecteurs pourront rencontrer et échanger avec les auteurs autour de leurs livres.