La culture hassanie, qui fait la fierté du Maroc et des Marocains, est une culture ancrée dans l'histoire, marquée par la passion pour la communication et l'échange, la force du symbolisme et une mobilité constante. Cette culture, élément de la civilisation du Royaume, qui a réussi le pari de préserver sa diversité, se caractérise par sa richesse linguistique, patrimoniale et littéraire, selon les participants à une rencontre sur la culture hassanie et la créativité dans le cadre du 18ème salon international de l'édition et du livre (SIEL). Dans ce sens, plusieurs chercheurs et experts s'accordent à confirmer le caractère diptyque de la langue hassanie, résultat d'une superposition des cultures amazighe et arabe, voire même africaine. Des livres historiques ont décrit exhaustivement les échanges poétiques au Sahara, citant des poèmes d'une grande valeur littéraire qui mixent les langues hassanie et amazighe et qui démontrent à quel point les Sahraouis sont ouverts sur les autres langues et sur leur environnement extérieur. Le chercheur en culture hassanie, Taleb Bouya Laatig se demande si cette langue, dont l'origine est la société beidanie (de la région Trab El Beidane), est une langue, un dialecte, un discours ou des paroles, mettant en exergue sa force symbolique, son côté esthétique et sa précision. La musique hassanie est une autre preuve de l'ouverture de cette culture sur d'autres du monde, d'après le même chercheur qui fait ressortir la dimension africaine et amazighe. C'est une musique où on trouve le “hijaz”, “srouji”, “Taghjouta”, avec un recours à Tadinit, un instrument musical dont l'appellation est amazighe, outre l'intégration des Jawanib (janba Al bayda et janba sawda), a-t-il indiqué. Le musicologue et chercheur Ahmed Aydoun a appuyé cet avis, relevant une relation entre la musique hassanie et la philosophie grecque à travers la théorie de “tabaii et tobou” qu'on trouve chez Ikhwan Al-Safa et Al Kindi. Comme Pythagore, Al Kindi met en évidence les sons produisant des accords harmonieux qui ont chacun une hauteur précise. Le degré d'harmonie dépend de la fréquence des sons. L'ouverture de la société sahraouie se traduit également par une avidité de communiquer et d'échanger. La culture hassanie brise le silence et incite à la parole, a précisé un autre chercheur, Ibrahim Al Hayssen, notant l'existence de plusieurs proverbes qui confirment cette propension. Les sahraouis disaient, par exemple, “klam lawline maykadboh ktob” (la parole des ancêtres ne peut être démentie par les livres). C'est une communication qui reste, toutefois rationnelle, puisqu'elle donne de l'importance à l'écoute. Un proverbe dit, dans ce sens, “nhar baaynih walayl bwadnih” (le jour a des yeux et la nuit a des oreilles). Il faut reconnaître que ces proverbes, qui ont une valeur symbolique, se caractérisent par leur musicalité, leur niveau linguistique, et la facilité d'image et traduisent la perspicacité de l'homme sahraoui, Les Sahraouis sont connus pour leur mobilité. N'est-ce pas eux qui disent “lmayet barek wlhay harek” (le mort ne bouge pas mais le vivant est en mouvement) ? un mouvement qu'on trouve dans leur danse “guedra”, des expressions du corps qui ne manquent pas de sens et de messages. La 18ème édition du SIEL, axée sur le thème “un temps pour lire, un temps pour vivre”, est marquée par l'organisation de plusieurs conférences et tables rondes traitant notamment des mutations politiques dans le monde arabe, de l'écriture féminine arabe et de l'avenir de la culture arabe. L'Arabie Saoudite est l'invitée d'honneur de cette manifestation culturelle, qui se tient jusqu'au 19 février avec la participation de 44 pays et de 706 éditeurs.