«Il y a une évolution de la langue amazighe. Celle-ci est passée d'une langue orale de la vie courante à une langue d'écriture, d'apprentissage. Cette évolution est liée aux efforts déployés par l'IRCAM. Une institution qui a déployé des efforts dans le domaine de la promotion de la culture et de la langue amazighe», souligne M'hamed Sallou, directeur du centre des études artistiques et des expériences littéraires et la production audiovisuelle à l'IRCAM. Le Maroc a été considéré depuis des décennies comme berceau des cultures, des peuples et des langues qui ont vécu en toute homogénéité et symbiose. «Le Maroc a une particularité par rapport à d'autres pays ; celle de la diversité linguistique. On y trouve diverses composantes en l'occurrence : l'amazigh, le dialecte marocain (darija) et la langue arabe», a-t-il souligné. La langue la plus usitée au Maroc, selon Sallou, est le dialecte marocain et la langue amazighe. «La langue arabe est une langue de lecture et d'écriture. Il n'existe pas de frontières et de barrières entre ces langues parce qu'il y a un chevauchement entre la langue amazighe et le dialecte marocain. Le dialecte marocain est une forme amazighe qui se reflète surtout dans plusieurs proverbes», a-t-il déclaré. L'amazigh a emprunté des termes de la langue arabe. De ce fait, il existe une symbiose et une coexistence entre les deux langues. Celle-ci se dévoile dans cet échange et enrichissement entre les langues. La particularité du Maroc réside également dans cette homogénéité entre les langues. Selon Sallou, depuis le discours d'Ajdir, le traitement de la langue amazighe a changé d'une manière remarquable. Le discours d'Ajdir a libéré la langue des Marocains. Ils sont devenus fiers de leur diversité linguistique. «Après la constitution de 2011, il n'y avait pas de politique linguistique ou une stratégie pour gérer cette diversité linguistique dans les administrations et la vie publique». Pour Sallou, si aujourd'hui il existe une coexistence entre les langues, celle-ci est mise à mal par une «résistance» dans les différentes échelles de l'administration publique. Dans le domaine de la création littéraire, une évolution est toutefois notable. Dans cette optique, plusieurs livres, romans, recueils de poésie ont été publiés. Une progression a été également remarquée dans le domaine du théâtre, ainsi que de l'écriture dramatique et la création. «On a constaté aussi une évolution dans le domaine cinématographique. Plusieurs films ont bénéficié du soutien du CCM qui tient compte de la qualité et du professionnalisme des projets de films», conclut-il.