Une journée d'étude sur la coordination intersectorielle de la prise en charge des femmes et des filles victimes de violences a été organisée, jeudi à l'Institut Royal de police à Kénitra, à l'initiative de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) en partenariat avec ONU-femmes. Initiée avec le soutien du gouvernement canadien, cette rencontre a été l'occasion de débattre de l'importance de cette coordination intersectorielle notamment à la lumière des nouvelles dispositions de la loi 103-13 du 22 février 2018 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Intervenant à cette occasion, le préfet de police Mohamed Dkhissi, Directeur de la police judiciaire et chef d'Interpol Maroc, a affirmé que l'organisation de cette journée d'étude s'inscrit dans le cadre des rencontres organisées par la DGSN en adhésion au processus de réformes initié par le Royaume depuis deux décennies et en soutien au système national et international de protection destiné aux femmes victimes de violences. La question de lutte contre les violences faites aux femmes a toujours constitué un grand chantier dans les stratégies mises en place par la DGSN, convaincue en cela que ce genre de violence porte atteinte aux acquis du Maroc dans le domaine des droits de l'Homme, a ajouté Dkhissi, relevant que consciente de la gravité des problèmes sociaux, psychologiques et éducatifs liés à ce phénomène et ses répercussions négatives sur le sentiment de sécurité chez le citoyen, la DGSN a adhéré d'une manière effective et efficiente à l'effort international et national et dans la mise en oeuvre des politiques publiques relatives à la lutte contre les violences faites aux femmes. #التكفل_بالنساء_ضحايا_العنف المعهد الملكي للشرطة يحتضن يوما دراسيا بأبعاد تحسيسية للتعريف بالآليات الجديدة للتكفل بالنساء والفتيات ضحايا العنف pic.twitter.com/U50Uf1nYvs — DGSN MAROC (@DGSN_MAROC) 26 septembre 2019 Depuis l'adoption de la stratégie nationale de lutte contre les violences à l'égard des femmes comme référence nationale, la DGSN a oeuvré à prendre part aux différentes rencontres et activités organisées par les départements gouvernementaux concernés par les questions liées à la femme, ainsi que par les associations, outre la création depuis 2007 au niveau des services de la police judiciaire de cellules d'accueil des femmes victimes de violences comme "interlocuteurs uniques" au niveau des arrondissements de police, a noté Dkhissi. Il a aussi rappelé la signature en mai 2018 d'une convention de partenariat entre la DGSN et ONU-femmes pour la protection et la lutte contre les violences faites aux femmes, se félicitant des efforts déployés par cet organisme onusien pour renforcer la coopération et la coordination en vue de prendre en charge les femmes et filles victimes de violences. Pour renforcer ces acquis, la DGSN a révisé d'une manière globale et structurelle les cellules sécuritaires chargées de traiter les questions liées aux violences faites aux femmes pour devenir des structures intégrées garantissant le soutien psychologique, le conseil, l'encadrement et le traitement des doléances et des plaintes, au lieu d'être uniquement des unités sécuritaires chargées de recevoir et traiter ces plaintes, a poursuivi M. Dkhissi, précisant que la réorganisation de ces cellules intervient en parfaite harmonie avec la loi 103-13. Il a en outre exprimé l'entière disposition de la DGSN à collaborer avec l'ensemble des partenaires nationaux et internationaux pour soutenir les politiques liées à la lutte contre les violences faites aux femmes. Pour sa part, la Représentante de l'ONU Femmes (Bureau multi-pays pour le Maghreb) Leila Rhiwi a rappelé qu'au Maroc, six millions de femmes ont rapporté avoir été victimes de violence toutes formes confondues, ajoutant que les cas de violences survenus dans les lieux publics sont rapportés à une autorité compétente dans seulement 17,4% des cas et seulement 3% lorsqu'il s'agit de violences conjugales. Le Maroc, depuis 2018, s'est doté d'une loi en vigueur spécifique relative aux violences faites aux femmes qui condamne ces violences et crée un cadre de réponse intersectorielle, a-t-elle ajouté, notant que "c'est sur cette base que nous devons avancer ensemble pour que les femmes et les filles n'aient plus à avoir peur de parler et pour qu'aucune forme de violence ne puisse plus être tolérée". Une réponse de qualité est avant tout une réponse coordonnée, a-t-elle insisté, expliquant que pour les victimes, une intervention coordonnée aboutit à une meilleure sécurité, car cela les place au cœur de toute intervention ou réponse institutionnelle et leur donne accès à des professionnels compétents et bien informés qui partagent leurs connaissances au sein d'un environnement favorable et habilitant. Une intervention coordonnée est seule à même de reconnaître les besoins multiples des victimes qui peuvent être satisfaits par le truchement du regroupement des services et réseaux d'orientation, a poursuivi Mme Rhiwi, mettant l'accent sur l'importance du partage des informations entre secteurs qui peut réduire le nombre de fois qu'on demande aux victimes de raconter leur histoire, atténuant par conséquent le risque d'un nouveau traumatisme. Une intervention coordonnée profite également aux institutions elles-mêmes qui interviennent dans les cas de violence à l'égard des femmes, et les rend plus efficaces, a-t-elle relevé, soutenant que la coordination est synonyme de cohérence des messages et interventions destinés aux victimes, auteurs de crimes et communautés. La coordination offre des possibilités de partage des ressources, des connaissances fondées sur les pratiques, et de l'innovation et de la recherche, a affirmé Mme Rhiwi, précisant qu'elle envoie un message clair, cohérent et unifié selon lequel la violence à l'égard des femmes est prise au sérieux, à la fois en protégeant les victimes et en ayant un effet dissuasif sur les auteurs de crimes et en les punissant.