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Crise de confiance. L'Istiqlal tacle le gouvernement
Publié dans Les ECO le 23 - 09 - 2019

C'est un discours musclé que Nizar Baraka a prononcé, samedi dernier, au premier forum de réflexion du parti de l'Istiqlal sur le thème «Une nouvelle génération de contrats pour sortir de la crise». Vertement critiqué, le gouvernement est appelé à accélérer le rythme des réformes et de mettre fin à l'attentisme qui paralyse le pays.
Depuis qu'il s'est positionné officiellement dans les rangs de l'opposition, le parti de l'Istiqlal n'y va pas avec le dos de la cuillère avec le gouvernement et entend s'ériger en véritable force de proposition, d'autant plus que le Maroc aspire à adopter un nouveau modèle de développement. Il faut dire que face au ras-le-bol social et à la crise de confiance dans la politique et les institutions, l'Exécutif, -qui puise encore dans les recettes éculées-, est appelé à agir et à remettre d'équerre les différentes politiques de réforme. L'heure est à l'accélération de la cadence, comme le soulignent les héritiers de Allal El Fassi, qui se sont réunis en conclave tout au long du week-end dernier pour émettre des propositions concrètes en vue de juguler la crise dans laquelle est plongé le Maroc depuis de longs mois.
La déperdition du temps est encore une fois pointée du doigt par Nizar Baraka qui n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le gouvernement. Le retard dans le remaniement ministériel maintient en effet le pays dans un état d'attentisme fatal alors que les maux dont souffre le pays sont nombreux (faillite de l'école publique et du système de santé, appauvrissement de la classe moyenne, creusement des inégalités spatiales et sociales, problèmes économiques…).
Le parti de la balance appelle à conclure de nouveaux contrats autour de nombre d'impératifs, dont la nécessité de mobiliser les Marocains autour d'un projet commun en vue de relever les défis. À cet égard, il s'avère nécessaire de bien définir les objectifs pour bien tracer le chemin qui permettra de gagner le pari escompté. Il faut également s'adapter aux changements accélérés, car il devient difficile de rattraper les retards cumulés au fil du temps. À cela s'ajoute la nécessité de mettre en place un nouveau système de valeurs tant au niveau individuel que collectif. Ce volet s'avère de la plus haute importance, car on assiste de plus en plus à une déliquescence des valeurs aussi bien au sein de l'école que de la société. L'éducation aux valeurs a été pratiquement négligée au cours des dernières années au point que certains Marocains «ont perdu la boussole», pour reprendre l'expression du SG du PI. Il est également recommandé d'allier la parole à l'action. Le gouvernement est vertement critiqué pour ses engagements qu'il n'arrivera pas à concrétiser, comme ceux ayant trait à la création de 1,2 million de postes d'emploi à l'horizon 2021. Rappelons, à ce titre, que le parti de l'Istiqlal a, à plusieurs reprises, épinglé l'Exécutif pour cet objectif jugé trop utopique.
Durant tout le mandat gouvernemental, la création des emplois ne dépassera pas 300.000 postes, d'après le PI. Il s'agit aussi de lier la responsabilité à la reddition des comptes et de mettre en place un système de gestion par résultats. À cela s'ajoute l'impératif d'instaurer la justice et l'équité pour résorber les écarts sociaux et territoriaux qui ne cessent de se creuser. 
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Nizar Baraka,
Secrétaire général du parti de l'Istiqlal
«Il s'avère important de concevoir les actions à mettre en place dans l'immédiat»
Pourquoi vous reprenez le dossier du modèle de développement alors que vous avez déjà soumis votre mémorandum au cabinet royal en janvier 2018 ?
Nous ne reprenons pas ce dossier qui est déjà établi. Nous avons défini les six ruptures nécessaires pour pouvoir passer à un nouveau modèle de développement. Nous considérons qu'avec les politiques qui sont suivies actuellement, on va vers une situation très délicate pour notre pays. Les inégalités sociales et territoriales s'aggravent, le pouvoir d'achat se dégrade, et par conséquent, la classe moyenne s'appauvrit. Ainsi, au-delà des choix stratégiques qui rentrent dans le cadre du modèle de développement, il s'avère important de concevoir les actions à mettre en place dans l'immédiat pour pouvoir rétablir la confiance, recréer une dynamique positive et redonner espoir aux opérateurs économiques et à tous les citoyens, surtout les jeunes.
Le volet politique est souvent marginalisé dans les débats sur la révision du modèle de développement, alors c'est le fondement du changement escompté. Qu'en pensez-vous ?
Le modèle politique est au centre du nouveau modèle de développement, comme je l'ai déjà souligné. D'ailleurs, le modèle politique est traité dans le mémorandum du parti de l'Istiqlal. Nous considérons qu'un vrai problème de gouvernance se pose. Le besoin se fait sentir de clarifier aussi bien les différentes responsabilités que nombre de dispositions qui freinent la bonne marche du pays et de réhabiliter le politique. Nous souffrons de manque de projets différents qui permettent aux citoyens de se retrouver et d'y croire.
En tant qu'ancien ministre de l'Economie et des finances, que répondez-vous au gouvernement qui brandit la carte du manque des moyens pour justifier le retard dans la mise en œuvre des réformes ?
Le problème du pays n'est pas celui du manque des moyens. Certes, des difficultés se posent et l'on ne peut pas parler d'aisance. Mais le problème est au niveau de l'efficience de la dépense publique. Beaucoup de dépenses sont, en effet, inefficientes. À titre d'exemple, on note la baisse de 50% de la rentabilité des investissements publics. Nous constatons aussi une gabegie dans le fonctionnement de l'administration. Et il y a, surtout, un problème d'adéquation entre l'ambition des réformes et les moyens mobilisés pour les réaliser. Il faut faire des choix. Si nous considérons que l'emploi est la priorité des priorités, il faut tout mobiliser pour ce secteur. Si la priorité est l'éducation, il faut mettre toutes les conditions pour la réussite de cet objectif. On ne peut pas continuer dans cette politique de saupoudrage qui consiste à calmer les maux sans mettre en place les moyens de réussir les réformes et qui cause la perte de confiance chez les citoyens.


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