Le débat a été récemment remis au goût du jour au Maroc et dans quelques pays d'Europe. La question est soulevée dans notre pays à la veille de chaque échéance électorale. Le vote doit-il rester un droit ou devenir un devoir civique ? À deux ans des élections législatives de 2021, le taux de participation reste la grande inconnue. Dans un contexte de forte défiance à l'égard de l'échiquier politique, les enjeux sont de taille, à commencer par l'impératif de la mobilisation des électeurs. L'augmentation de la participation aux élections est en effet l'un des défis majeurs pour les formations partisanes dont l'image est visiblement plus que jamais écornée auprès des citoyens, notamment les jeunes. La crainte est de faire pire que les élections de 2016 qui ont été marquées par un taux d'abstention de 57% des électeurs inscrits. En 2015, plus de 46% des électeurs inscrits sur les listes électorales ont boudé les élections communales et régionales. Faut-il rendre le vote obligatoire pour augmenter le taux de participation ? Selon des sources partisanes, des discussions seraient en cours entre le ministère de l'Intérieur et les partis politiques sur cette question qui est d'actualité non seulement au Maroc mais aussi sous d'autres cieux comme la France où seuls les grands électeurs dans les élections sénatoriales sont tenus de prendre part au vote car ils exercent un mandat qui leur a été confié. Dans notre pays, le sujet est remis au goût du jour à la veille de chaque élection. En 2015, juste avant les élections communales et régionales, certaines voix au sein de l'échiquier politique défendaient le recours au vote obligatoire pour favoriser la participation des citoyens aux élections. Rappelons à cet égard que des parlementaires du parti de l'Istiqlal et de l'Union socialiste des forces populaires s'exprimaient en faveur de l'instauration du vote obligatoire. Et l'on entendait presque le même son de cloche chez le PJD. Le sujet a été même évoqué au sein de la Commission de l'Intérieur de la Chambre basse lors des discussions des textes électoraux mais nombreux étaient les détracteurs de cette mesure qui existe dans d'autres pays en Europe et ailleurs. Dans le contexte actuel marqué par la crise de confiance avérée dans la politique et la multiplicité des mouvements de protestations, serait-il judicieux d'appliquer le vote obligatoire ? Nombreux sont les dirigeants politiques qui sont réticents à cette idée. Les conditions ne sont pas actuellement réunies pour l'instauration de cette mesure qui risque de susciter des réactions imprévisibles dans la phase actuelle. De l'avis de Chokrane Amam, président du groupe parlementaire de l'USFP à la Chambre basse, il faut plutôt œuvrer pour inciter le citoyen à contribuer à la vie politique. «Dans les pays où le vote est obligatoire, les conditions sont réunies et l'atmosphère politique est totalement sain», indique-t-il. Un avis largement partagé au sein de l'échiquier politique. Plusieurs voix estiment que l'on ne peut pas doper artificiellement le taux de participation car ce mécanisme risque d'engendrer une augmentation considérable des votes blancs. Même la faisabilité de cette mesure reste compliquée. La difficulté se posera en effet au niveau de la poursuite des personnes qui ne respectent pas l'obligation de se présenter au bureau de vote. L'application des sanctions contre les abstentionnistes exigerait un énorme effort de la Justice. Or, les tribunaux marocains sont déjà très encombrés. Même dans les pays où le vote est obligatoire, les sanctions ne sont pas appliquées, comme le souligne le chef du gouvernement parallèle des jeunes, Ismail El Hamraoui qui tient à souligner que le vote est plutôt un droit civil et politique. Ce jeune politicien progressiste propose plutôt des mesures incitatives pour mobiliser les électeurs car la démocratie ne peut pas se faire sans partis politiques. Tout le monde s'accorde sur la nécessité de la restauration de la confiance dans l'action politique et la gestion des choses publiques en vue, entre autres, d'enrayer l'inquiétante tendance à la progression de l'abstention. De grandes inquiétudes planent aujourd'hui plus que jamais sur le taux de participation aux prochaines élections. Obligation d'inscription aux listes électorales ? Certains acteurs politiques appellent plutôt à rendre obligatoire l'inscription sur les listes électorales à l'instar de ce qui est fait dans d'autres pays. Néanmoins, si le taux d'inscription est élevé, le taux d'abstention risque aussi d'être très élevé si rien n'est fait pour mobiliser les électeurs. À l'heure actuelle, un grand écart existe entre le nombre des électeurs en âge de voter et celui des inscrits sur les listes électorales. En 2016, le nombre des inscrits aux listes électorales étaient environ de l'ordre de 16 millions alors que la population éligible au vote dépassait les 20 millions. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui plaident pour l'enregistrement automatique des électeurs sur la base du registre de la carte d'identité nationale. Cette requête a été auparavant rejetée par le ministère de l'Intérieur car plusieurs personnes n'ont pas droit au vote.