● Avec 64,8% de plus à fin novembre, en glissement annuel, l'évolution a été boostée par l'accroissement des emprunts en devises des banques auprès des autres sociétés financières, principalement dans les zones offshore ● Leur encours a plus que doublé, passant de 5,1 milliards à 11,7 milliards de dirhams, représentant ainsi 63% du total ● La tendance est lourde sur la décennie, mais les taux d'évolution restent très volatils Tourisme, IDE et MRE, voilà le triptyque de base dans l'injection de devises dans l'économie nationale, aux côtés des exportations. Des sources de devises qui ont connu une nette amélioration, après leur dégradation en 2009, pendant le pic de la crise internationale. C'est en réalité le solde, entre les recettes et les dépenses liées à ces postes, qui détermine le stock additionnel de devises sur une période donnée. Sauf pour les transferts MRE, qui eux, suivent quasi-exclusivement le sens entrant, et n'occasionnent donc pas de sorties de devises influant sur le solde global. Voyages, investissement directs et commerce extérieur impliquent, par contre, des flux dans les deux sens. Aussi, pour le tourisme, étant donné le positionnement du Maroc comme destination touristique, le solde entre recettes et dépenses de voyages est structurellement positif. En d'autres termes, les recettes en devises générées par les non-résidents visitant le pays couvrent largement les dépenses effectuées par les nationaux lors de leurs déplacements à l'étranger. Des flux équilibrés Les investissements directs connaissent, eux aussi, des transferts à double sens. En effet, malgré le fait que les implantations étrangères dans le pays génèrent bien plus de devises que les implantations nationales n'en usent vers l'étranger, les opérations de cession de parts et de participations connaissent, elles, des flux plus équilibrés. Dernier exemple en date, la cession des parts de FinanceCom et de la CDG dans Méditel à France Télécom, qui est derrière une importante vague d'euros entrants. Une opération qui a été d'ailleurs précédée par une importante sortie en devises occasionnée par le rachat des parts de Téléphonica et de Portugal Télécom par les deux institutions marocaines dans le même opérateur télécom. Une nouvelle sortie de taille est également à venir avec le règlement du récent rachat de Métro par Label'Vie. Le commerce extérieur connaît, pour sa part, un solde structurellement déficitaire. Une donnée macroéconomique liée à la dépendance nationale à une multitude de produits importés libellés en devises. Le taux de couverture des importations (par les exportations) ne dépasse guère les 47%, pour un déficit commercial s'élevant à 138 milliards de dirhams fin novembre. Aussi, les recettes en devises que dégagent tourisme, IDE et MRE sont-elles stratégiques pour sécuriser les règlements de nos importations, principalement libellées en euro, en dollar et dans une moindre mesure en yen. Ceci dit, une partie des recettes en devises engrangées par l'économie nationale se retrouve dans les caisses des banques privées. Celles-ci représentent un dixième du stock national en devises: 18,6 milliards de dirhams sur un total de 187 milliards, une proportion non-négligeable. D'ailleurs, au terme de novembre 2010, l'encours de ces dépôts a connu une hausse importante en glissement annuel. En effet, les dépôts en devises auprès des banques se sont accrus de 7,3 milliards de dirhams pour atteindre les 18,6 milliards, soit 64,8% de progression d'une année à l'autre. Malgré le fait que leur taux d'évolution s'avère très volatile sur la durée, l'encours est structurellement à la hausse sur la décennie passée (voir infographie), en phase avec le total des dépôts inscrits à l'actif des institutions bancaires. Demande de financement en devises soutenue en 2010 On notera que le taux de croissance moyen des dépôts en devises sur les deux dernières années (de novembre 2008 à novembre 2010) s'est établi à 38,1%. Le redressement des flux économiques présentés plus haut est pour une grande part dans cette augmentation, mais c'est surtout les flux financiers qui ont accentué la hausse. «L'augmentation annuelle de novembre est attribuable à l'accroissement des emprunts en devises des banques auprès des autres sociétés financières, dont l'encours a plus que doublé, passant de 5,1 milliards à 11,7 milliards de dirhams», précise la direction des études et des relations internationales (DERI) de Bank Al-Maghrib. Ces flux financiers représentaient donc près de 63% de l'encours global fin novembre 2010. «Il s'agit principalement d'emprunts des banques de la place auprès de leurs filiales implantées dans la zone offshore, et qui sont destinés au financement en devises des crédits de leur clientèle», poursuit le chef de la direction. L'on peut donc déduire que la demande de financement en devises a été nettement plus soutenue en 2010 qu'une année auparavant. Néanmoins, nous ne disposons d'aucun degré de ventilation supplémentaire pour identifier les secteurs d'activité qui ont le plus eu recours à ces crédits en devises. Il faut toutefois rester prudent quant à ces conclusions: la forte volatilité des taux d'évolution ne permet pas de dégager des conclusions structurelles sur ce type de financements. Une volatilité qui, d'ailleurs, est liée au poids de certaines transactions spécifiques. Autrement dit, une ou deux grosses opérations peuvent avoir un volume tellement important, proportionnellement au volume global, qu'elles entraînent l'ensemble de l'agrégat vers leur sens. Une politique des changes assouplie Le 1er août 2007, l'Office des changes (OC) avait publié pas moins de six circulaires allant vers l'assouplissement, voire la libéralisation de la réglementation des changes. Un assouplissement qui a grandement participé à l'augmentation de l'encours en devises auprès des banques. Parmi ces mesures, l'on peut citer les opérations d'investissement à l'étranger, soumises avant cette date à l'accord préalable de l'OC, et qui peuvent désormais être effectuées librement, dans la limite d'un plafond de 30 millions de dirhams par an par les personnes morales marocaines ayant au moins trois années d'activité et dont la comptabilité est certifiée par un commissaire aux comptes externe. Aussi, ces transferts peuvent-ils aussi bien couvrir les dotations en capital, les prêts et avances en compte courant, que les frais de fonctionnement des bureaux de liaison, de représentation ou des succursales. D'autre part, les investisseurs concernés sont habilités à procéder librement au réinvestissement du produit de cession ou de liquidation de leurs investissements à l'étranger. Pour ce qui est des comptes des exportateurs en dirhams convertibles, le montant est désormais porté à 50% de la part des recettes en devises, à verser au crédit de ces comptes, contre 20% précédemment.