Vendredi dernier, la 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde a démarré sur les chapeaux de roues. Tous les soirs, les spectateurs sont au rendez-vous, en grand nombre. Plus de 4.000 festivaliers ont assisté vendredi dernier à la soirée inaugurale de la 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde qui a mis en scène «Fès, mémoire du futur», une création originale conçue et chorégraphiée par la direction artistique du festival. Organisée entre les murailles de la place historique Bab Al Makina, la cérémonie d'ouverture a été présidée par la Princesse Lalla Hasnaa. Pour animer la scène, de nombreux artistes marocains, portant l'héritage arabe, andalou, amazigh et juif ont mis en valeur la diversité culturelle qu'incarne l'enchevêtrement des ruelles de la médina, la représentation symbolique d'une géographie de l'esprit et du voyage. Des chants du Sénégal honorant la confrérie Tijanniya sont venus rappeler l'identité africaine de Fès. Les concepteurs de cette oeuvre ont réussi à mettre en lumière le rayonnement de la cité qui est au cours du temps nourri et représenté par des pèlerins et illustres voyageurs nomades. Sur leurs traces, la création a visité les confréries soufies du Sénégal ainsi que la ville sainte d'Al-Qods où s'établirent un grand nombre de soufis fassis et où se rendit le célèbre médecin et philosophe Rabbi Moshé Ben Maimon, connu sous le pseudonyme de Maïmonide, né le 30 mars 1135 à Cordoue. Conçue et mise en scène par le directeur artistique du festival, Alain Weber, cette nouvelle scénographie a fait pénétrer l'assistance au coeur des ruelles d'une médina, dont la mémoire peut être la source d'un futur créatif, spirituel et épanoui. Des artistes persans, arméniens, tunisiens, palestiniens ou encore du Sultanat d'Oman ont illustré le rayonnement d'une culture islamique et savante dont Fès fut l'un des principaux berceaux, notamment à travers son université Al Quaraouiyine. «Nous avons choisi dans ce sillage de célébrer la renaissance de la médina de Fès, qui fait l'objet d'une restauration et d'une rénovation exceptionnelles lui donnant une nouvelle vie. Différents monuments emblématiques : Foundouks, Médersas, Kissarias ont été restaurés et ceci grâce à la vision et à l'impulsion donnée par SM le roi Mohammed VI», souligne Abderrafii Zouitene, présidant de l'association Esprit de Fès, organisatrice du festival. Et d'ajouter : «le festival a apporté sa contribution au fil des temps au dialogue des cultures et des religions, à mieux faire connaître les valeurs de notre pays marqué par l'ouverture sur l'autre, l'esprit de tolérance et d'accueil, la richesse de son patrimoine matériel et immatériel ». La configuration particulière du site de Bab Al Makina a permis d'exploiter astucieusement la technique du «mapping» et de la mise en scène. Au-delà des remparts gigantesques, chaque séquence musicale a été portée par des images féeriques, sans pour autant corrompre l'essence même de ces traditions. Exprimant une volonté de combiner l'importance de ces patrimoines culturels avec une idée populaire du spectacle, le festival des musiques sacrées inclut également une dizaine de spectacles présentés dans les Nuits de la Médina et dans le jardin Jnan Sbil. Fès, à la confl uence des cultures Dans la matinée qui a suivi l'ouverture du festival (samedi), la salle Batha a abrité le forum annuel du festival de Fès des musiques sacrées. Sous le thème, «Fès, à la confluence des cultures», les participants à cette rencontre ont échangé et débattu trois axes ayant trait à «la connaissance avant le jugement, l'idée avant l'opinion», «les nécessaires fondamentaux d'un dialogue entre les cultures», «les modes de vie dans les cités traditionnelles et les valeurs spirituelles de respect sous-jacentes». Dans la cérémonie d'ouverture du Forum, Driss Karrouz, le directeur général de la Fondation Esprit de Fès a expliqué que «la ville de Fès, avec son patrimoine magnifique qui vit au rythme d'un grand chantier de réhabilitation de sa médina, de très belles choses sont faites et nous voulons à travers ce thème interpeller la réflexion sur ce qui doit être fait pour que la culture ne soit pas soumise à l'économie, à la finance et à la spéculation». Lors de cette rencontre, les intervenants ont mis l'accent sur la place qu'occupe la ville de Fès en tant que carrefour des civilisations et des cultures, ce qui lui permet de traduire parfaitement cette confluence des cultures, d'autant plus qu'elle constitue le produit d'un brassage des cultures arabe, berbère et juive. Un festival à Bab Boujloud En marge de la 25e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, la ville de Fès accueille également un autre festival à Bab Boujloud. En effet, cet espace réunit de célèbres artistes marocains autour de prestations musicales sur la célèbre place éponyme. Cette année, le festival qui se déroule du 15 au 22 juin reçoit plusieurs chanteurs de la scène marocaine, notamment Saida Charaf, Hatim Idar, Abdou El Ouazzani et Chama Zaz, Zakaria Ghafouli, Mohamed Jbara, Nasr Megri, H-Kayne, Hada Ouaki, Nouamane Belaiachi, Rabeh Mariwari, Said Senhaji, Orchestre Asri, Nass El Ghiwane, Sami Ray et Said Mosker. Les musiciens assurent une variété de concerts gratuits au public de la ville de Fès allant du «Chaâbi» au «chababi moderne» en passant par la chanson traditionnelle marocaine. Le festival Bab Boujloud est pris en charge par la «Fondation Esprit de Fès» sous la direction de Lachhab Aziz, coordinateur du festival. Cette plateforme ouverte au grand public permet aux artistes de se produire sur une scène imprégnée par le style traditionnel de la ville de Fès.