Après la mort subite en pleine audience au tribunal de l'ancien président égyptien Mohammed Morsi, des médias et personnalités liés au groupe islamiste des Frères musulmans ont élevé la voix pour rendre hommage à l'ancien président; certains accusant même le gouvernement égyptien d'être directement responsable de sa mort. Dans une déclaration en directe sur la chaîne Al Jazeera, l'ancien président tunisien, Moncef Al Marzouki, a fondu en larmes alors qu'il rendait un hommage à son ancien homologue égyptien. Dans un tweet, le politicien égyptien, Amrou Abdelhadi a directement accusé l'actuel président égyptien Abdelfattah Sissi d'avoir empoisonné Morsi, ajoutant qu'il s'agit d'un crime de guerre, pour lequel tout le régime égyptien doit être jugé. Quant à Moataz Matar, le journaliste et opposant égyptien connu pour sa sympathie pour le mouvement des Frères musulmans, sur son compte twitter officiel, il a appelé l'Egypte et le monde arabe de faire de la journée de mercredi une journée de colère pour l'ancien président égyptien. Un autre journaliste égyptien, Ahmed Mansour, vedette de la chaîne qatarie, Al Jazeera, a déclaré également dans son compte twitter : « Quelle que soit la manière avec laquelle Morsi est mort, il a été tué lentement par le régime égyptien, et son vrai meurtrier est Abdelfattah ». Le compte twitter arabophone officiel du président turc Erdogan a déclaré avoir appris avec tristesse la mort de son « frère » Mohammed Morsi, le premier président égyptien démocratiquement élu, priant par la même occasion pour l'âme du « martyr ». Dans une déclaration à la presse, le président turc a présenté ses condoléances au peuple égyptien, et à tous ceux qui « suivent sa voie ». Erdogan a également pointé du doigt le président égyptien Sissi, soulignant que c'est un tyran qui a mis à mort plus d'une cinquantaine de personnes. Mohammed Morsi a été enterré dans la plus grande discrétion, dans l'est du Caire, en présence de sa famille uniquement et avec un déploiement important des forces de l'ordre. Les autorités égyptiennes ne veulent surtout pas que l'ancien président puisse devenir un martyr et que le lieu de son enterrement devienne un lieu de pèlerinage pour ses partisans. Ce lundi soir, elles ont déjà refusé à sa famille la possibilité de l'enterrer dans son village, a déclaré sa femme sur son compte twitter. Toutefois, des prières de l'absent ont été accomplies dans différentes mosquées dont la mosquée Al Aqsa. Les conditions de détention de l'ancien président ont été vivement critiquées à la fois par ses partisans et à l'international. Ses proches affirment qu'il était malade depuis plusieurs mois sans aucun accès à des soins médicaux. Mais ils ne sont pas les seuls, à l'instar des Frères musulmans. Mohamad al Qoudoussi, un membre de la confrérie en exil, accuse les militaires d'être responsables de la mort de Mohamed Morsi sur YouTube : « Les conditions de détention aujourd'hui en Egypte équivalent au meurtre ». À l'international, une commission du Parlement britannique a dénoncé des conditions de détention jugées « inhumaines », et notamment le fait qu'il passait vingt-trois heures par jour à l'isolement dans sa cellule. Les organisations humanitaires Human Rights Watch et Amnesty International ont, elles, demandé aux autorités égyptiennes de faire toute la lumière sur une mort qu'elles jugent suspecte. Dans la presse égyptienne, Al-Masri Al-Youm est le seul journal égyptien à faire sa Une sur la mort de l'ancien président. Le quotidien titre : « Décès de Mohamed Morsi durant son procès pour espionnage. Le parquet autorise l'enterrement et saisit les vidéos des caméras du tribunal ». Les autres journaux ne donnent l'information qu'en page 2 ou 3, voire dans un simple entrefilet. Aucun ne rappelle que Mohamed Morsi a été chef de l'Etat. Il faut en fait se tourner vers des journaux panarabes, comme Al-Quds al-Arabi, pour avoir plus de détails. « Morsi a été enterré à l'aube au Caire », indique le journal en manchette, qui note « une absence totale de ses partisans ». Né en 1951 à Ach-Charqiya, Mohamed Mohamed Morsi Issa al-Ayyat a fait des études en génie civil à l'université du Caire, il adhère aux Frères musulmans. De 1978 à 1985, il part finir ses études aux Etats-Unis. Il étudie à l'université de Californie du Sud. Président du Parti liberté et justice, formation politique issue des Frères musulmans, il représente les couleurs du parti islamiste à l'élection présidentielle qui suit la révolution de janvier 2011, et devient le premier président élu démocratiquement en Egypte et le premier civil à occuper ce poste. Mohamed Morsi est renversé par un coup d'Etat organisé par l'armée, le 3 juillet 2013, à la suite d'un vaste mouvement de protestations populaires.