Le chef des Frères musulmans en Egypte Mohamed Badie a été condamné à mort lundi en même temps que quelque 700 partisans présumés du président islamiste destitué Mohamed Morsi. Le même tribunal, dans la ville de Minya, dans le centre du pays, a par ailleurs commué en prison à vie la majeure partie des peines capitales qu'il avait prononcées il y a un mois pour plus de 500 autres partisans de la confrérie. Ces personnes jugées dans les plus grand procès de masse de l'Histoire récente, selon l'ONU qui s'en était ému fin mars, sont accusées d'avoir participé à des manifestations violentes à Minya, le 14 août, le jour même où quelque 700 manifestants pro-Morsi tombaient sous les balles des policiers et soldats au Caire. Le procès du président islamiste destitué Mohamed Morsi, poursuivi pour la mort de manifestants en décembre 2012 lorsqu'il était au pouvoir, devait reprendre samedi au Caire. M. Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet 2013, est accusé d'avoir «incité ses partisans à commettre des meurtres prémédités» lors de heurts ayant fait sept morts devant le palais présidentiel au Caire le 5 décembre 2012. Il encourt la peine de mort, tout comme 14 co-accusés, d'anciens hauts responsables de son gouvernement, des proches collaborateurs et des responsables des Frères musulmans. M. Morsi est jugé dans deux autres procès --pour «espionnage» et évasion de prison-- et fait également l'objet de poursuites pour outrage à magistrat. Les Frères musulmans, accusés d'être derrière des dizaines d'attaques contre policiers et soldats depuis la destitution du président islamiste, ont été déclarés «organisation terroriste» en décembre. Leurs partisans sont depuis l'été l'objet d'une implacable répression qui a fait au moins 1.400 morts, selon Amnesty International. Vendredi, la direction de la campagne présidentielle d'Abdel Fatah al-Sissi, ancien chef de l'armée et artisan de la destitution de M. Morsi, a indiqué qu'il avait reçu des milliers de signatures de soutien pour valider sa candidature à l'élection présidentielle des 26 et 27 mai, pour laquelle il est donné largement favori. Pour ses partisans, M. Sissi est l'homme qui a su sauver le pays des islamistes, qui sont restés un an au pouvoir et suscité un vaste mouvement de mécontentement au sein de la population. Les partisans de M. Morsi accusent de leur côté M. Sissi d'avoir mené un coup d'Etat contre le premier président élu démocratiquement en Egypte, et d'être derrière la répression meurtrière dont ils font l'objet depuis l'été dernier.