La sixième édition du Salon international des technologies de l'eau et de l'assainissement «SITeau» se tient du 11 au 13 juin, à Casablanca. C'était l'occasion, pour les participants, de se pencher sur le stress hydrique au Maroc. Riche du succès des précédentes éditions, cette 6e édition du SITeau, co-organisée par Field Attitude, ambitionne de rassembler des parties prenantes nationales et internationales et des jeunes sur la question de la préservation de l'eau, de l'énergie par et pour l'eau, dans le but de placer cette dernière au coeur du «nouveau modèle de développement» engagé au Maroc sur les directives du roi Mohamed VI. Au menu, un programme de trois jours de débats, rencontres et créations à travers un salon professionnel de deux jours, où des acteurs des secteurs public et privé exposent et où retrouve des représentants du monde académique, des coopérations internationales, des agences, des ONG, des bureaux d'études, ainsi qu'une conférence internationale de haut niveau, organisée en partenariat avec la Coalition marocaine pour l'eau «COALMA» placée sous le thème «Eau, changement climatique et nouveau modèle de développement», un hackathon sous le thème «Digital 4 Water», 2e édition. Et organiser un tel événement qui rassemble les professionnels, les médias et le grand public dans un pays n'a rien de hasardeux. En effet, les ressources naturelles en «or bleu» au Maroc sont parmi les plus faibles au monde à cause de la surexploitation de la nappe phréatique, entre autres problèmes liés à la logistique, les phénomènes naturels, l'expansion démographique et économique. Or, l'économie du royaume dépend en grande partie du secteur agricole. Dès lors, le Maroc, qui partage cette inquiétude avec de nombreux pays africains, lesquels sont condamnés à souffrir des conséquences du changement climatique, ne peut se permettre de ne pas débattre de cette thématique, à savoir explorer la place de l'eau et de l'énergie dans un nouveau modèle de développement, intégrant les paradigmes des changements climatiques et de la transition écologique afin de proposer des solutions innovantes, des méthodologies et des scénarios de gouvernance améliorée en considérant les approches publiques et leurs leviers réglementaires et fiscaux. Rappelons que le Maroc s'est doté, il y a plusieurs années de cela, d'une Stratégie nationale de l'eau. Celle-ci vise, entre autres, la réduction de la pollution, l'amélioration du taux d'accès aux services d'assainissement en milieu rural (90% en 2030), la valorisation des ressources en eau aujourd'hui perdues en mer et la reconstitution des stocks souterrains d'eaux, la généralisation de l'accès à l'eau potable en milieu rural et la pérennisation de son financement ainsi que la généralisation de la réutilisation des eaux usées épurées. Mieux, avec un patrimoine de plus de 140 grands barrages en exploitation recensés, le Maroc veut passer à la vitesse supérieure à l'horizon 2030 avec la construction d'une trentaine de grands barrages, portant son effectif à 170. «La première économie du Maroc est celle de l'eau. Il faut donc faire en sorte d'économiser de l'eau en mobilisant les eaux non conventionnelles telles que les eaux de mer et les eaux usées, lesquelles sont réutilisables pour certains usages, agricole par exemple, lequel consomme beaucoup d'eau», a préconisé Rajae Chafil, directrice du Centre de compétence changement climatique (4C Maroc). Mais cette problématique n'est pas locale. Pour les opérateurs, quel que soit leur secteur d'activité et leur taille, la question n'est plus de savoir s'ils sont concernés par la dynamique en faveur du développement durable, mais comment exister avec ce nouveau paradigme, devenu un facteur déterminant de compétitivité et leur permettant d'être qualifiés de «socialement responsables ». Les atteintes à l'environnement ont un coût. Par contre, la protection de l'environnement permet d'éviter et/ou de diminuer les coûts sociaux et économiques, et donc de redéployer les moyens économisés. Bénéficiant du soutien des institutionnels et des parties prenantes concernées ainsi que du label du 9e Forum mondial de l'eau, qui se tiendra en mars 2021à Dakar (au Sénégal), au cours duquel le Maroc décerne le prestigieux prix Hassan II, cette plateforme de débats est l'occasion de s'interroger, de proposer des alternatives, de valoriser les bonnes pratiques et de tirer des leçons d'expériences non abouties.