Du 20 au 23 juin, le Festival Gnaoua et musiques du monde revient à Essaouira avec un programme à la fois riche et généreux. Le festival, qui rend chaque année ses lettres de nobles au patrimoine tagnaouite, s'ouvre aux musiques du monde tout en faisant la lumière sur la scène marocaine. Place à la 22e édition du Woodstock africain.... «Que de chemin parcouru!», commence Neila Tazi, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, pour expliquer une 22e édition qui s'apprête à être d'une authenticité rare. «22 années qui nous confortent quant à la pertinence et la justesse de notre projet culturel, celui d'une longue lutte pour la reconnaissance d'une confrérie musicale longtemps marginalisée qui a su toucher les coeurs et fédérer des visiteurs du monde entier. Cette longévité et cette vivacité témoignent de l'ancrage solide du festival dans sa culture, celle des Gnaoua, dans sa ville, Essaouira, et dans son continent, l'Afrique». Avec l'art tagnaouite pour credo, le festival chantera avec âme la musique cubaine, touareg, tamoule et marocaine, mais aussi le jazz, le flamenco et le reggae à travers des artistes venus du monde entier, aux univers bien distincts. Le Maroc et le monde Quand le Festival Gnaoua et musiques du monde revient pour une nouvelle édition, cette dernière semble toujours très étudiée, se renouveler. Après les 20 ans marqués par des têtes d'affiche, la 22e édition du festival mise sur l'authenticité et des artistes à la fois virtuoses et nomades, qui incitent au voyage. Voyage au coeur des musiques les plus authentiques avec les Cubains Osain del Monte, les Touaregs Tinariwen, les plus dignes représentants du flamenco Maria del Mar Moreno et Jorge Pardo ou encore les Amazighs Imdiazen. Voyage dans la musique la plus contemporaine avec l'artiste sorcier congolais Baloji, ou la chanteuse britannique d'origine tamoule Susheela Raman. La nouvelle scène émergente et créative sera aussi au rendez- vous avec le jeune maâlem Houssam Gania, l'étoile montante de la world africaine Moh! Koyaté et les fougueux membres de Betweenatna. Le tout, ponctué par l'intensité des mâalems à l'image du showman Hamid El Kasri, le généreux Mustapha Baqbou, dont la force consiste à faire fusionner les genres musicaux tout en conservant la dimension traditionnelle de la musique gnaoua.Sans oublier la scénographie si particulière du plus reggaeman des maâlems, Omar Hayat, ou encore le renouvellement de l'art gnaoui avec Hassan Boussou. Cette année, un maâlem hors norme prendra part aux festivités. Il s'agit de Hassan Hakmoun, qui a franchi les océans et a magistralement fait vivre cet art dans la foisonnante énergie créatrice de New York. «Nous assistons à l'influence de la globalisation et la modernisation des musiques et d'autre part, à l'attachement des musiciens à leurs racines, leurs origines culturelles et à leurs traditions musicales. Bien au-delà de simples groupes musicaux, cette année, ce sont des univers musicaux qui sont à l'honneur, nés de cultures ancestrales qui survivent au temps: la musique des Touaregs, les chants berbères, le plus pur Flamenco ou encore cette musique issue de rites sacrés les plus «afro» de la tradition cubaine», précise l'équipe du festival. Hommage et enracinements Fort de ses valeurs de fraternité et d'universalité, le Festival Gnaoua et musiques du monde propose chaque année au public des rencontres qui font la part belle à la mémoire. Il s'agit de se souvenir du passé afin de mieux se tourner vers l'avenir. Une lila, une exposition et la projection d'un documentaire: c'est que propose le festival pour rendre hommage au grand Randy Weston, décédé en septembre dernier. Il s'était produit sur une scène du festival en 2016. Pianiste de renom, une des références dans le monde restreint du jazz, Randy Weston a toujours puisé dans les racines africaines du jazz pour continuellement développer sa musique. Celui qui a été sacré «Docteur en musique» par de nombreuses institutions culturelles et conservatoires de Jazz, est né à Brooklyn (New York) en 1926. Il s'est très vite familiarisé avec la musique, et ce dès son plus jeune âge grâce à un père mélomane et autodidacte, qui utilisait la culture comme un outil de libération. Il a été plongé très rapidement dans l'univers du swing. Inspiré par Count Basie, Nat King Cole, Art Tatum, Duke Ellington ou encore Thelonious Monk, il a développé son propre univers, aidé par une dextérité incroyable et un bon sens de l'improvisation. Mâalem Abdelouahed Stitou, Mâalem Abdellah El Gourd, Mâalem Abdelkader Haddada et Mâalem Abdelmajid Domnati se retrouveront pour honorer celui qui fut plus qu'un grand musicien: leur ami, leur frère, avant de découvrir le documentaire «Randy in Tangier». Quant aux rendez-vous Forum du matin, ils seront synonymes de liberté et de libération de la parole via la culture, et placés sous le thème «La force de la culture contre la culture de la violence».