Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen est arrivé en tête dimanche des élections européennes en France, devançant légèrement la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, qui échoue dans son objectif de remporter le scrutin, selon les premières estimations, avec une troisième place surprise pour les écologistes. La première surprise de ce scrutin, le premier depuis le début du quinquennat, a été la participation nettement plus forte qu'attendu malgré une campagne atone. Le nombre d'électeurs s'élèverait selon les instituts de sondage entre 51% et 54%, soit sept à dix points de plus que lors du dernier scrutin de 2014. Selon les différentes estimations à 20H00, le mouvement d'extrême droite et sa tête de liste Jordan Bardella obtiendraient entre 23 et 24,2% des suffrages, proche de son score des européennes de 2014 (24,9%). La liste Renaissance pro-Macron menée par l'ex-ministre Nathalie Loiseau est elle créditée de 21,9% à 23%, légèrement en deçà du résultat d'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (24,01%). Ce duo de tête, le même qu'en 2017, devance nettement les autres listes. Mais les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts sont la principale surprise du scrutin, en arrivant troisièmes selon les instituts, entre 12 et 12,7%. Autre surprise de taille: les Républicains emmenés par François-Xavier Bellamy obtiennent leur pire score de l'histoire de la droite, tombant sous la barre des 10% (8% à 9%), très loin du score de l'UMP en 2014 (20,81%). Les autres listes ont obtenu moins des 5% nécessaires pour envoyer des représentants au Parlement européen. Un nombre record de 34 listes, dont deux listes issues des "gilets jaunes", concouraient à cette élection qui renouait avec une circonscription nationale unique. Après six mois de crise des "gilets jaunes", la deuxième place de la liste Renaissance (LREM-Modem-Agir...) constitue un nouveau revers pour l'exécutif d'Emmanuel Macron et de son Premier ministre Edouard Philippe, qui s'étaient tous deux activement impliqués dans la campagne. Même si la majorité semble limiter les dégâts au vu des premières estimations. Le chef de l'Etat avait affirmé le 9 mai qu'il allait "mettre toute (son) énergie pour que le RN ne soit pas en tête". Le Premier ministre a pour sa part écumé une dizaine de meetings depuis début mai. Marine Le Pen avait fait de ce scrutin un référendum anti-Macron. "Du vote de dimanche dépend tout le reste du quinquennat", a-t-elle lancé vendredi lors du dernier meeting, en lançant un appel large aux électeurs de droite, LR et DLF, et de la France insoumise pour les inciter à voter "utile" contre le chef de l'Etat. Emmanuel Macron est rentré en fin d'après-midi à l'Elysée après avoir voté à la mairie du Touquet à la mi-journée. Marine Le Pen a voté dans son fief de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Elle devrait rapidement s'exprimer après une première réaction de Jordan Bardella. La participation, au-delà des 50%, s'annonce comme la plus forte pour un scrutin européen depuis un quart de siècle (52,7% en 1994), voire depuis 35 ans (56,7%) en 1984, rompant avec l'érosion du vote lors des récents scrutins européens. A 17H00, la participation s'élevait à 43,29%, en hausse de huit points par rapport à 2014 (35,07%), selon le ministère de l'Intérieur. Ce taux est déjà supérieur à la participation finale d'il y a cinq ans, qui s'élevait à 42,4% pour la France entière. Près de 47 millions d'électeurs étaient appelés à désigner les 79 eurodéputés français, soit cinq de plus qu'en 2014, après la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne. Les cinq derniers élus devront toutefois attendre que le Brexit soit effectif pour siéger. Partout dans l'Union européenne, les résultats officiels ne seront publiés qu'à 23H00, heure de clôture du scrutin en Italie.