Comme à l'accoutumée, le gouvernement vient d'être interpellé au sein de l'hémicycle sur «la médiocrité» des productions télévisées diffusées par le pôle audiovisuel public pendant le mois de ramadan. La question de l'octroi des marchés aux sociétés de production a également été évoquée. C'est un marronnier qui revient au Parlement à la veille de chaque ramadan: la médiocrité des productions télévisées du pôle audiovisuel public et la question de la nécessité d'instaurer la transparence dans l'attribution des marchés au secteur privé. Les députés n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère en interpellant lundi le ministre de tutelle sur ce dossier. Cette fois-ci, c'est la majorité qui n'a pas hésité à décocher ses flèches contre le chef du département de la Culture et de la communication, Mohamed Laarej. Chaque année, ce sujet est évoqué par les parlementaires qui plaident pour l'amélioration de la production audiovisuelle et la nécessité de garantir une concurrence loyale entre les entreprises oeuvrant dans le secteur. Mais rien n'y fait, selon les députés. Le PJD revient à la charge, relevant l'impératif d'inclure les petites et moyennes entreprises parmi la liste des bénéficiaires de la subvention. La députée Amina Faouzi Zizi rappelle au responsable gouvernemental les chiffres qu'elle avait présentés l'année dernière sur l'octroi des marchés au secteur privé. Sur les 150 sociétés de production que compte le Maroc, seules «les mêmes quatre sociétés» sont arrivées à décrocher les marchés au cours des 15 dernières années. Si les chiffres changent, les noms restent les mêmes. En 2017, la première société a bénéficié de 16 MDH, la deuxième de 15 MDH, la troisième de 6 MDH et la quatrième de 4 MDH. La procédure des appels d'offres est-elle respectée ? Pour le ministre de la Culture et de la Communication, la réflexion est en cours sur les appels d'offres pour pouvoir inclure les petites entreprises parmi les bénéficiaires. «Nous voulons réviser le cahier des charges qui ne le permet pas», relève-t-il. Outre la question de la gouvernance du secteur et celle de la révision de l'arsenal juridique le régissant, la question de la qualité des productions télévisées préoccupent les médias et alimentent toujours les discussions sur les réseaux sociaux. Il faut dire que les productions télévisées pendant le mois sacré, qui est marqué par des taux d'audience élevés des chaînes nationales, ne laissent personne indifférent. Le même mot revient dans les interventions: la médiocrité. «Le mépris» à l'encontre de l'intelligence des Marocains et de leur goût artistique est pointé du doigt alors que le pôle public audiovisuel est financé par l'argent public qui est validé chaque année par le Parlement à l'occasion de l'examen et du vote de la loi de Finances. Laarej brandit l'argument de l'engouement des citoyens pour certains feuilletons et programmes qui enregistrent un taux d'audience atteignant les 10 millions de téléspectateurs. Mais cela atteste-t-il de la qualité des productions diffusées sur les télévisions du pôle public national? Rien n'est moins sûr, selon le groupe parlementaire du Rassemblement constitutionnel. Par ailleurs, «l'avalanche publicitaire» lors de la rupture du jeûne est vertement critiquée. Les spots publicitaires envahissent les écrans pendant le ramadan qui représente une aubaine pour les chaînes de télévision qui continuent, certes, d'accaparer la majeure partie des investissements publicitaires mais enregistrent de plus en plus une baisse de leur chiffre d'affaires publicitaire. Les chaînes de télévisions sont tenues de respecter la réglementation en la matière pour éviter d'être sanctionnées par le régulateur. Rappelons que la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a récemment infligé deux sanctions financières de 3 MDH et 800.000 DH à 2M et Al Oula respectivement car les deux chaînes avaient enfreint les dispositions légales régissant la publicité dans le secteur de l'audiovisuel pendant le ramadan en ce qui concerne la durée maximale globale de publicité durant une heure glissante ainsi que la durée minimale devant séparer deux séquences publicitaires. Il faut en effet respecter les dispositions des cahiers des charges qui stipulent une durée de publicité maximum de 6 minutes pour chaque diffusion publicitaire. La durée de publicité diffusée durant une heure glissante ne doit pas dépasser les 16 minutes (18 minutes pendant le ramadan).