C'était à l'occasion de la séance des questions orales du lundi 6 août que les députés se sont insurgés contre la qualité des programmes télévisés du mois de Ramadan. El Khalfi promet des changements pour la prochaine saison. El Khalfi reconnaît un problème de qualité sur certains programmes diffusés et promet d'y remédier l'an prochain. S'ils avaient à donner une note aux programmes télévisés de Ramadan, elle sera éliminatoire pour la plus grande majorité. Les députés parlent d'une honte pour exprimer leur appréciation du contenu de la grille des programmes des deux chaînes nationales. « C'est un mépris à l'encontre de l'intelligence des Marocains, de leur goût artistique et créatif », lance Loubna Amhair, députée du Mouvement populaire ajoutant, pour preuve, que le taux d'audience pour ces programmes est en chute libre. « A quoi bon consentir des dépenses faramineuses si le rendement ne le mérite pas ? », interroge-t-elle. Au Parti de l'Istiqlal, c'est Abdellah Bekkali qui dénonce la médiocrité des programmes les accusant également de « dévaloriser l'action politique » soulevant qu'à la même période de chaque année, ce problème est devenu récurrent. « Face à cette médiocrité, il faut protéger les Marocains ! », revendique-t-il. Problème de créativité Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, ne fait pas l'éloge non plus des programmes télé de Ramadan. « Je suis convaincu qu'il n'y a pas de satisfaction quant au produit. Nous avons un problème de qualité, malgré les quelques bonnes performances de certains artistes », avoue-t-il, précisant que des efforts ont rehaussé la qualité, cette année, mais le manque de créativité reste encore le parent pauvre de ces productions télévisées dans sa globalité. « Nous avons effectué des sondages durant la première période de Ramadan et nous comptons mener un autre sur l'échelle nationale à la fin du mois. Ce qui ressort, pour le moment, c'est la nette avancée de la chaîne Mohammed VI par rapport aux chaînes religieuses étrangères », souligne le ministre. Le coût des programmes En attendant d'évaluer l'audience dont les députés n'attendent pas de surprise, c'est le coût des programmes du mois sacré qui les préoccupent le plus. « Pour la première chaîne nationale, le budget de l'an dernier a été de 46 millions de dirhams. Celui de cette année a reculé à 36 MDH grâce à la promotion de la production locale. Quant à 2M, le coût global des programmes de Ramadan atteint presque 37MDH et non 7 ou 8 milliards comme il été rapporté par certains médias», affirme Mustapha El Khalfi, ajoutant que la densité des pages publicitaires représente « un point faible » dans la grille des programmes. « Les anciens cahiers des charges permettent aux chaînes la diffusion de 18 minutes de publicité (à l'heure de pointe) sans pour autant définir une répartition du volume de densité. C'est la raison pour laquelle, nous avons constaté, il y a quelques jours, la diffusion de 9 min de publicité sans interruption », reconnaît le ministre indiquant, toutefois, que la première chaine vient de réduire cette densité en passant de 16 min à 13 min afin de laisser place à un peu de chants soufis au moment d'Al Iftar, question de « ne pas perturber les Marocains à table ». Production et transparence Côté qualité, El Khalfi annonce la création d'un site web dans lequel les deux chaînes pourront présenter leurs projets de production. « Chaque projet sera enregistré dans la base électronique. La sélection sera confiée à des commissions de gouvernance où seront représentées des institutions en dehors des deux chaînes publiques. La sélection se fera sur la base de critères clairs contenus dans les cahiers des charges qui seront approuvés par les deux chaînes, et le résultat sera, ensuite, rendu public », explique le ministre. Et ce n'est qu'un premier pas, d'autres mesures sont prévues. L'une vise la formation des ressources humaines en matière d'écriture du scénario par la voie d'une commission consultative représentant plus de dix organismes professionnels. L'autre porte sur la moralisation et le respect de l'éthique, une mission dont s'acquittera une commission dans les deux chaînes d'ici la fin de l'année. El Khalfi estime qu'ainsi les plus grandes difficultés constatées, notamment le manque de préparation, l'absence de compétitivité et le partenariat limité avec les artistes, seront dépassés. « L'espoir fait vivre » Pour le député du PJD Abouzaid El Mokrie El Idrissi, l'enthousiasme du ministre de la Communication représente un espoir qui risque de faire face aux poches de résistance. « C'est un problème de gouvernance avant tout qui se pose. Des sociétés de productions monopolisent le marché et se font payer des prix incroyables pour des productions médiocres qui choquent en plus le public marocain », dénonce-t-il. Le député ne mâche pas ses mots accusant les programmes télé de Ramadan de « ridicules, vides et superficiels ». « C'est vraiment le moment d'en finir une fois pour toutes, d'en finir avec un demi-siècle de monopole », martèle-t-il, souhaitant que les programmes nationaux prennent exemple sur ceux des chaînes étrangères, notamment en ce qui concerne le divertissement. « Nous avons besoin d'un divertissement sérieux, respectable et utile », insiste Abouzaid. * Tweet * * *