Un discours mobilisateur pour un chef de gouvernement qui cherchait le vote de confiance de la majorité absolue des représentants. Dans son discours aujourd'hui au Parlement, Benkirane a préféré jouer sur la fibre patriotique en évoquant les villes de Sebta et Melilia, en passant par le charisme encore exercé par Abdelakarim El Khatib, le fondateur du parti. Ne faisant l'impasse sur aucune des principales questions soulevées par les présidents des groupes de l'opposition, Benkirane s'est étalé sur les questions de la gouvernance, de la lutte contre la corruption et l'économie de rente. Sans pour autant verser dans le moralisme, le chef du gouvernement a défendu sa vision en insistant sur «la coupure qui doit être opérée». Il a également insisté sur le fait qu'il «est devenu impossible que les richesses soient concentrées entre une minorité qu'elle tirent directement de la gestion de la chose publique». Les points sur les «i» De l'intransigeance, donc, sur le volet de l'enrichissement sans cause licite, avec une priorité qui sera accordée aux agents de l'Etat. Sans indiquer une échéance précise, Benkirane a été plus enclin souligner qu'il adopterait une feuille de route «avec des priorités précises aux niveaux législatif et institutionnels qui sont au nombre de 600 mesures». C'est le cas pour l'amélioration des modes de gouvernance des lois des finances annuelles et des visions sectorielles. «Notre programme n'est pas une loi des finances. Les Marocains ont compris que leur problème n'est pas celui de la vision, mais de la gouvernance et de qui fait quoi», a insisté le leader du PJD. Ce n'est finalement ni un discours improvisé ni une allocution écrite que le président du gouvernement a prononcé devant les deux chambres. Initialement programmée comme une réunion commune, Benkirane a du s'adresser, lors du vote de confiance, aux députés et conseillers séparément. Revenant sur plusieurs questions brûlantes de l'opposition, le chef de l'Exécutif a voulu jouer la carte de l'apaisement à l'égard de l'opposition. «Au moins, il y a un aveu en ceci que le programme est animé de bonne foi», a relevé , a précisé le président de la majorité gouvernementale, qui a qualifié la structure finale de son programme comme répondant aux nouvelles exigences constitutionnelles. Au sujet de la filiation des politiques sectorielles de la période 2012-2016 avec celles du programme gouvernemental, à passer grâce à la majorité d'un gouvernement sortant, Benkirane a défendu la continuité qui a été adoptée, «pour ne pas faire table rase» des projets lancés, a-t-il dit. S'agissant de la charte de la majorité qui était parmi les questions les plus récurrentes dans les discours de l'opposition, Benkirane n'a pas rejeté la balle dans le camp du G-8. «J'étais pour l'ouverture de ce gouvernement à toutes les composantes», a-t-il lancé essentiellement au RNI «qui a choisi l'opposition dès le départ», a ajouté le chef de la majorité gouvernementale. Les composantes du gouvernement sont homogènes, a-t-il tenu à assurer en insistant sur le volontarisme qui avait primé lors de la formation du gouvernement. Dixit... «Nous voulons avant tout un débat serein en nous positionnant au sein de l'opposition. Nous ne donnerons pas pour autant un chèque en blanc au gouvernement car déjà les premiers indicateurs ne sont guère rassurants. On s'attendait à ce que le nouveau gouvernement passe plus de temps à penser sa stratégie au lieu de rester des semaines à se quereller autour des sièges ministériels. Ce qui a donné finalement un hiatus énorme entre le programme du gouvernement et les programmes électoraux présentés par les partis de la majorité». Hakim Benchamasse, Président des conseillers du PAM. «Malgré nos multiples remarques, nous ne continuerons pas à soutenir cette nouvelle expérience et nous ne tenons pas à ce qu'elle se solde par un échec. En tant que centrale syndicale, nous avons une série de demandes urgentes qui n'ont pas été mentionnées». Mohamed Daidiaâ, Président du groupe fédéral. «Le programme manque cruellement d'imagination. Les attentes étaient énormes, mais il semble que le gouvernement n'a pu faire un bilan précis du legs du gouvernement précédent. Nous avons beaucoup travaillé avec les élus du PJD, du temps où ils étaient dans l'opposition, sur plusieurs dossiers pendant trois législatures. Nous estimons qu'il est du devoir du gouvernement de rester sur les mêmes engagements qu'il a pris devant les électeurs». Driss Radi, Président du groupe de l'UC. «La charte de la majorité est un pas important qui a été réalisé. Les grands axes du programme sont imprégnés par une dimension politique très marquée au lieu de se contenter de chiffres creux, car l'enjeu reste l'impact des indicateurs sur le quotidien des citoyens. Nous avons aussi des objectifs pour réhausser le rendement des deux instances parlementaires. Il est par exemple anormal que l'autonomie financière du Parlement soit toujours absente, et que ce soit le gouvernement qui décide de ce budget». Mohamed Mobdii, Président du groupe du MP.