Ils sont près de 30.000 cas de tuberculose à être répertoriés chaque année, y compris les nouveaux cas et les cas de rechute. Avec un taux d'incidence de près de 87 cas pour 100.000 habitants, la tuberculose sévit encore aujourd'hui au Maroc avec une prépondérance notamment de sujets atteints au niveau des poumons. Ces données ont été annoncées par le ministre de la Santé, Anas Doukkali, hier lundi à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose et l'organisation de la rencontre nationale pour l'élaboration du plan d'action multisectoriel pour l'élimination de cette maladie à l'horizon 2030. Selon Doukkali, les causes de cette maladie, qui affecte les jeunes de 15 à 45 ans, sont notamment reliés aux facteurs socio-économiques, notamment les conditions d'habitat, la pauvreté et la malnutrition. Notons que 70% des malades vivent dans les quartiers marginaux des grandes villes. D'ailleurs, a ajouté le ministre de la Santé, les dernières statistiques montrent que 86% des cas ont été enregistrés dans six régions, totalisant une moyenne de 78% de la population du royaume, à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Souss-Massa. Néanmoins, le ministre a tenu à souligné que le Maroc a tout de même pu faire reculer le taux de propagation de cette maladie, entre 1990 et 2015. Et de rappeler que le taux d'incidence estimé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a diminué de 27%, selon les données de l'Organisation et que le taux de mortalité a baissé de 59%. Il a attribué ces résultats à la bonne performance du programme national de lutte contre la tuberculose, reflétée notamment par les indicateurs de prévalence des cas de tuberculose, qui sont passés de 75% à 85%, ce qui a permis plus de diagnostics et de traitements pour les cas de tuberculose existant, le maintien du taux de réussite du traitement à plus de 86% depuis 1995 et la réduction du taux d'abandon de traitement à seulement 7,9%, tandis que le taux de prévalence de la Tuberculose pharmacorésistante est restée très faible, avec 1% de résistance initiale et 11% de résistance secondaire. Quelle feuille de route? Cela étant, le plan d'action du ministère prévoit un soutien financier annuel qui a plus que doublé pour limiter la propagation de la maladie. Cette enveloppe est passée de 30 MDH en 2012 à 76 MDH en 2018, en plus d'un soutien financier important des conseils des régions et des communes, ainsi qu'un soutien continu du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, estimé à 32 MDH entre 2017 et 2021. De même, des ressources humaines et matérielles sont mobilisées dans le cadre du programme national de lutte contre la tuberculose et ce, à titre gratuit. Sachant que la prise en charge d'un seul patient coûte de 520 à 1.330 DH, alors que pour un patient atteint de la tuberculose pharmacorésistante, le coût varie de 13.500 à 60.000 DH, sans compter les salaires et les budgets d'infrastructure et d'équipement. Le ministère a aussi mis en place un réseau intégré de 26 centres spécialisés dans le diagnostic et le traitement de la tuberculose et des maladies respiratoires, outre les établissements de santé et les cliniques privés dans certains quartiers. De son côté, le directeur de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé a indiqué qu'un cadre multisectoriel pour l'élimination de la tuberculose sera élaboré d'ici 2030, selon une approche globale, prenant également en considération le volet des droits de l'Homme, afin d'éliminer les facteurs de risque et les facteurs socio-économiques considérés comme un déterminant clé de la propagation de la tuberculose au Maroc et dans le monde. Pour rappel, le programme national de lutte contre la tuberculose consistait à veiller à l'élaboration du Plan stratégique national pour la période 2018-2021, qui vise à réduire de 40% le nombre de décès liés à la tuberculose d'ici 2021. Le programme vise en particulier à porter le nombre annuel de cas dépistés à 36.300, à atteindre un taux de réussite du traitement d'au moins 90% d'ici 2021, à augmenter le taux de détection de la tuberculose pharmacorésistante à 75% et à atteindre un taux de réussite du traitement d'au moins 80% d'ici 2021.