La tutelle lance ce vendredi une vaste campagne nationale de dépistage La tuberculose, décrite comme «la maladie de la pauvreté», est encore très présente au Maroc. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la santé à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, 31.452 cas, toutes formes confondues, ont été notifiés en 2016, ce qui représente une incidence de 91 cas pour 100.000 habitants. Cette maladie touche davantage les jeunes. Selon la situation épidémiologique en 2016, les jeunes âgés de 15 à 45 ans représentent 63% des cas. La tutelle lancera, ce vendredi 24 mars à Tanger, la campagne nationale de dépistage de la tuberculose. Cette opération qui se tiendra du 27 mars au 28 avril vise à renforcer le diagnostic précoce et assurer l'accès au traitement aux groupes de populations à haut risque. La région de Casablanca-Settat la plus touchée Suite aux analyses de la situation épidémiologique, il ressort que la tuberculose est fortement concentrée au niveau des zones périurbaines des grandes agglomérations. Elle est également liée à l'habitat insalubre, à la densité élevée des populations, à la promiscuité, à la malnutrition, à la précarité et à la pauvreté. La distribution géographique révèle que 6 régions ont totalisé, à elles seules, 87% des cas de tuberculose notifiés, avec une incidence dépassant la moyenne nationale. Casablanca-Settat arrive en tête avec 26% des cas, suivie de la région de Rabat-Salé-Kénitra (17% des cas), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (16%), Fès-Meknès (13%), Marrakech-Safi (10%) et Souss-Massa (6%). 60 millions DH mobilisés en 2016 Entre 1990 et 2015, des progrès ont été enregistrés dans la lutte contre cette maladie. Selon les données officielles de l'OMS pour le Maroc, l'incidence a baissé de 27% durant cette période. Il en va de même pour la mortalité qui a régressé de 59%. Le ministère précise que grâce au Programme national de lutte antituberculeuse (PNLAT), le taux de détection est passé de 75 à 83%, ce qui a permis de diagnostiquer et de prendre en charge plus de cas. Il faut aussi relever que le taux de succès thérapeutique a été maintenu à plus de 86% depuis 1995. Quant au taux d'interruption du traitement et de perdus de vue, celui-ci a été abaissé à 7,4%. La prévalence de la tuberculose multi-résistance a été maintenue très basse avec 1% de résistance primaire et 8,7% de résistance secondaire. Il faut aussi noter que des avancées ont été entreprises dans la prise en charge de cette maladie. Celle-ci est assurée gratuitement à l'ensemble des malades. La subvention du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme de près de 85 millions DH a permis de réaménager les Centres de diagnostic de la tuberculose et des maladies respiratoires, de les équiper en appareils numériques de radiologie et en technologie de pointe basée sur la biologie moléculaire, tout en assurant la gratuité de toutes les prestations sanitaires à tous les patients tuberculeux. Un nouveau plan stratégique 2017-2021 Aussi, et bien que l'incidence estimée par l'OMS ait baissé d'une moyenne annuelle de 1,1% entre 1990 et 2015, celle-ci reste lente et en deçà des aspirations, tant les déterminants de la maladie sont multiples et se rapportent essentiellement aux conditions socio-économiques. La tutelle a élaboré un plan stratégique national de lutte antituberculeuse 2017-2021 qui est actuellement en cours de finalisation. Il vise à réduire le nombre de décès liés à la maladie de 40% en 2021 par rapport à l'année 2015. Ce nouveau plan permettra également d'augmenter le nombre annuel de cas détectés à 36.300 à l'horizon de 2021 et d'atteindre un taux d'accès thérapeutique d'au moins 90% à partir de 2018.