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La tuberculose, maladie de la pauvreté, demeure un véritable défi pour la santé publique : Pour éradiquer la tuberculose au Maroc, il faut encore attendre 35 ans
La tuberculose, une maladie contagieuse provoquée par l'infection au bacille de Koch, aussi appelée maladie de la pauvreté, du fait qu'elle est souvent liée à la précarité et à des conditions de vie insalubre, n'est non seulement pas toujours éradiquée au Maroc, mais en outre, le taux de détection est à peine de 85% et le succès thérapeutique juste de 90%, c'est-à-dire que cette infection mortelle continue d'emporter un malade sur dix. Le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi annonce, pour sa part, la réduction par le Maroc, en quinze ans, du nombre de personnes atteintes de tuberculose de 17% comme étant une véritable performance, qui a permis au Royaume d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en matière de lutte contre cette maladie. Il n'en prévoit l'éradication définitive au Maroc que dans 35 ans. C'est faire preuve d'une ambition des plus modestes, au grand dam des victimes de cette maladie qui en meurent encore. Mais la responsabilité de la persistance de la tuberculose au Maroc ne relève pas du seul ministère de la santé. Pour venir à bout de la maladie de la pauvreté, c'est contre cette dernière qu'il faudrait lutter plus efficacement, ce qui élargit le champ de cette responsabilité à plusieurs autres départements et institutions publiques. Les efforts menés dans le cadre du programme national de lutte antituberculeuse, ont permis de réduire le nombre des nouveaux cas de personnes atteintes de la tuberculose, qui est passé d'une moyenne de 107 pour 100.000 habitants, en 2000, à 89, en 2015, a relevé M. Louardi à l'ouverture d'une rencontre de sensibilisation à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, hier 24 mars, sous le thème "S'unir pour mettre fin à la tuberculose". La tuberculose, a-t-il dit, demeure un véritable défi pour la santé publique au Maroc, et ce malgré les efforts déployés tant au niveau de la prévention qu'en matière de diagnostic et de traitement, notant que les services du ministère enregistrent près de 30.000 cas de tuberculose par an. Cette maladie, à laquelle l'humanité a attribué plusieurs noms par le passé comme la peste blanche ou la phtisie, est en recul depuis des décennies. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne à cet effet que l'épidémie régresse sur tous les continents, grâce à la vaccination au bacille de Calmette et Guérin (BCG) et l'élaboration d'antibiotiques. Ainsi, l'incidence (le nombre de nouveaux cas) diminue chaque année, et la prévalence (le nombre de cas par rapport à la population totale) a baissé de 45 pc depuis 1990. La mortalité a, quant à elle, reculé de 45 pc sur la même période. Toutefois, la tuberculose connait un regain dû à ses formes multi-résistantes, qui résistent même aux antibiotiques les plus puissants sur le marché. L'OMS révèle à cet égard qu'en 2014, près de 480.000 personnes ont développé une tuberculose multi-résistante. Recul de l'incidence Au Maroc, les personnes atteintes de tuberculose bénéficient d'une prise en charge thérapeutique gratuite dans les établissements de santé de six mois minimum, dont certains cas nécessitent des traitements de plus de 18 mois, d'un coût de 34.000 DH par malade atteint de tuberculose multi-résistante. Mené par le ministère de la Santé, le Programme national de lutte antituberculeuse (PNLAT) a permis un recul de l'incidence de la tuberculose depuis 1996, affichant un taux de détection de plus de 85 pc et de succès thérapeutique de 90 pc. L'objectif majeur que se fixe le PNLAT consiste à éradiquer cette maladie d'ici 2050, ce qui impose d'adopter d'une approche multisectorielle qui couvre aussi les problématiques sociales liées à ce fléau. La nécessité de cette approche s'explique par le fait que la prévalence de la tuberculose dépend d'un ensemble de facteurs comme la précarité, la dénutrition, l'infrastructure médicale insuffisante et l'infection par le VIH. Les déterminants de la tuberculose sont, donc, multiples et se rapportent essentiellement aux conditions socioéconomiques défavorables. En effet, cette maladie affecte, dans une plus grande proportion les adultes jeunes vivant dans le milieu urbain, notamment dans les quartiers défavorisés et à forte densité de population. Ces efforts plurisectoriels sont à même d'accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable, notamment l'élimination de la pauvreté, la couverture sanitaire universelle, la santé de la mère et de l'enfant et la protection sociale. A cet effet, deux campagnes de dépistage de la tuberculose chez les groupes de populations à haut risque ont été menées en 2014 et 2015 au niveau des provinces et préfectures marocaines les plus touchées par ce fléau. Par l'intermédiaire de ces campagnes, le département de la Santé vise à augmenter le taux de détection des cas de tuberculose à plus de 95 pc en 2016, soit plus de 4.800 cas à détecter chaque année, à raison de 400 cas par mois sur toutes les provinces et régions. Principalement les jeunes âgés entre 15 et 45 ans La tuberculose pulmonaire représente la moitié des cas recensés et qui touchent principalement les jeunes âgés entre 15 et 45 ans, a précisé le ministre lors de cette rencontre organisée en partenariat avec la Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose avec l'appui du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dans le cadre de la stratégie sectorielle 2012-2016, le ministre a assuré que son département a mobilisé d'importantes ressources pour lutter contre cette maladie. Il a fait état d'une augmentation de l'enveloppe budgétaire dédiée au programme national de lutte contre la tuberculose de 30 millions de dirhams (MDH) en 2012 à 65 MDH en 2015, auxquels s'ajoutent les 85 MDH de soutien financier du Fonds mondial de lutte contre le sida la tuberculose et le paludisme. L'analyse de la situation épidémiologique de la tuberculose au Maroc fait ressortir clairement, selon le ministre, l'influence des déterminants socioéconomiques s'agissant de la persistance de cette maladie, citant les conditions de logement, la pauvreté et la précarité, la forte densité de la population et la malnutrition. M. Louardi a noté à cet égard que 70 pc des malades sont issus des quartiers défavorisés des grandes agglomérations, à l'instar de Casablanca, Salé, Fès et Tanger. Le ministre a estimé que pour vaincre la tuberculose au Maroc, il est essentiel de s'attaquer à ces facteurs socioéconomiques "d'une manière déterminée et responsable", dans le cadre de la conjugaison des efforts de tous les secteurs ministériels concernés, des collectivités territoriales et des instances de la société civile, selon une approche globale plaçant la santé au cœur des préoccupations de toutes les politiques publiques. Une des causes principales de mortalité due aux maladies transmissibles De son côté, le directeur régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la Méditerranée orientale, Alaeddine Alouane, a déclaré que la célébration de la Journée mondiale de la tuberculose est l'occasion de rappeler que cette maladie qui peut être évitée et soignée, menace toujours la vie et la prospérité de l'humanité, notant que l'OMS la classe toujours, avec le VIH, comme une des causes principales de mortalité due aux maladies transmissibles. Dans une allocution lue en son nom par le représentant de l'OMS au Maroc, Yves Souteyrand, M. Alouane a fait état de plus 9,6 millions de personnes qui ont contracté la maladie en 2014, alors que 1,5 million y ont succombé, notant que l'Assemblée mondiale de la Santé a approuvé durant cette même année une nouvelle stratégie mondiale pour mettre fin à la tuberculose, souvent cataloguée "la maladie des pauvres". S'agissant de l'action de l'OMS dans la région de la Méditerranée orientale en la matière, M. Alouane a affirmé que des progrès ont été faits, précisant que la Méditerranée orientale est l'une des quatre régions de l'OMS à avoir atteint l'objectif qui consiste à réduire de moitié le taux de mortalité par tuberculose entre 1990 et 2015. Il reste néanmoins des obstacles importants à surmonter en dépit de la disponibilité des traitements et des moyens de diagnostic à bas coûts, sachant que 40 pc des cas de tuberculose estimés en 2014 n'ont pas été identifiés ou déclarés dans cette région, a conclu M. Alouane qui plaide pour des approches novatrices pour atteindre les cas non diagnostiqués dans les pays de la région. Cette rencontre a été marquée par la signature par M. Louardi de quatre conventions avec des associations œuvrant dans le domaine de la lutte contre la tuberculose, en vertu desquelles ces associations pourront bénéficier du soutien et de l'accompagnement du ministère. Il s'agit, respectivement, de la Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose, l'Association SOS tuberculose et maladies respiratoires, l'Association marocaine de solidarité et de développement et l'Association des Enseignants des sciences de la vie et de la terre.