Les autorités de Mélilia estiment que le profil des enfants migrants en provenance du Maroc a changé. Des jeunes de la classe moyenne marocaine commencent à introduire dans l'enclave dans l'espoir d'obtenir un titre de séjour. Les arrivées des mineurs marocains à Mélilia ne fléchissent pas. Rien que durant la première quinzaine du mois de février, 156 mineurs marocains ont été accueillis par les services sociaux du gouvernement autonome de Mélilia, a souligné Daniel Ventura, le conseiller en charge du bien-être social au sein de l'Exécutif local. Toutefois, les autorités de l'enclave ont observé un changement dans le profil des nouveaux arrivants. Selon ce responsable, au cours des trois dernières années, le nombre des mineurs en possession d'un document d'identification marocain est passé de 1 à 55%, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, reprise par le média Melillahoy.es. Le responsable estime que cette montée des arrivées de jeunes migrants titulaires d'un document prouve que ces candidats à l'immigration ont accédé à l'enclave accompagnés d'un parent ou un membre de leur famille. «Il s'agit de familles de la classe moyenne marocaine qui cherchent à introduire leur enfant pour garantir de la sorte le regroupement familial quand l'enfant atteint la majorité civile et décroche son titre de séjour», a avancé le responsable du département sebti. D'après ce membre de l'Exécutif sebti, rien que durant la première quinzaine de février, sur les 156 jeunes migrants marocains ayant accédé à l'enclave, 15 étaient titulaires d'une pièce d'identité délivrée par les autorités marocaines. À en croire les services sociaux de l'enclave, cette progression des arrivées d'enfants migrants munis de leurs documents administratifs, est la nouvelle stratégie adoptée par des familles marocaines issues de la classe moyenne marocaine. En effet, la présence des mineurs marocains en Espagne ou dans les enclaves ne concerne plus que les enfants de la rue, comme c'était le cas auparavant. En atteste les récents démantèlements en Espagne de réseaux mafieux, spécialisés dans la mise au point d'opération de passage des mineurs marocains pour une somme allant de 2.000 à 5000 euros, selon le «service» sollicité par la famille du candidat. Le forfait comprend un déplacement en pateras ou en jet-ski (plus coûteux car moins risqué) ainsi que le transfert vers un centre d'accueil au nord de l'Espagne, préférablement. Le ministère espagnol de l'Intérieur calcule qu'environ 1.184 mineurs ont été recensés à Mélilia jusqu'à fin janvier. L'enclave revendique 10% du total des jeunes migrants présents sur le territoire espagnol. De son côté, l'Assemblée de Sebta avait réitéré la semaine derrière les appels au rapatriement des mineurs marocains. Les deux enclaves ont sollicité un changement dans la législation portant sur les mineurs en y introduisant une refonte de taille permettant de considérer ces jeunes comme des «migrants économiques». À souligner qu'un rapport de l'Unicef sur la situation des enfants migrants, publié récemment, a épinglé le gouvernement espagnol sur le traitement réservé à ces enfants. Le document a pointé du doigt la situation de stigmatisation à laquelle sont confrontés ces jeunes, spécialement à sebta et Mélilia.