Les producteurs et exportateurs de fruits et légumes s'insurgent contre la campagne de recouvrement «musclée» menée par les services des impôts, mettant leur secteur dans une situation «gênante» et la profession dans un désarroi total. Quatre lettres de demandes d'audience ont été envoyées aux ministères du Travail, des Finances, de l'Agriculture et de l'Intérieur par la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes. La Fifel veut mettre fin à la campagne de recouvrement «musclée» menée par les services des impôts, mettant les producteurs dans des situations «gênantes» et la profession dans un désarroi total. «Des cas flagrants tels que le blocage des produits périssables à l'export ont été observés au port de Tanger, ce qui ne va pas sans pertes économiques journalières exorbitantes et lourdes pour les entreprises», regrette-t-on. N'en pouvant plus dans leur missive adressée aux autorités du pays en début de semaine, les producteurs et exportateurs expriment un ras-le-bol profond et invitent leurs interlocuteurs à s'asseoir, dans les plus brefs délais, autour d'une table, «pour surseoir» ces procédures qui vont jusqu'à la «saisie» des comptes bancaires des contribuables concernés par la taxe imposée par la douane marocaine. Or, les demandes d'audience formulées par la Fifel risquent de se prolonger dans un coma profond dans les terroirs des ministères susmentionnés. «Nous n'avons pas encore reçu de retour de la part de nos interlocuteurs», a déclaré jeudi 17 janvier Ahmed Mouflih, directeur de la FIFEL, qui apparemment commence à perdre patience. «Nous, ce qui nous intéresse le plus c'est le ministère des Finances parce que nous avons déjà le soutien de notre tutelle (…) mais on attend toujours», sauf que l'agenda du ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, est extrêmement submergé par le protocole de l'après-signature de l'Accord agricole Maroc-UE adopté ce mercredi à Strasbourg par le Parlement européen. Toutefois, Aziz Akhannouch a prévu de rencontrer son homologue espagnol ce vendredi, ce qui risque de mettre à l'épreuve la patience des exportateurs et producteurs qui ne demandent «qu'à être reçus et entendus» pour permettre à un dialogue constructif d'avoir lieu et d'aboutir à la mise en place d'alternatives «fiables, justes et durables», insistent-t-ils, précisant, dans la même foulée, qu'ils ne sont pas contre les taxes en soi et que leur combat ne portent pas non plus sur la suppression de celles-ci. «Le secteur agricole n'est point contre l'impôt» mais, nuancent Ahmed Mouflih et ses collègues, «il est bien évident que la majorité des agriculteurs et leur environnement (partenaires) ne sont pas encore préparés à cette forme d'imposition difficile à mettre en pratique». Un secteur pourtant dynamique Si aujourd'hui les producteurs et les exportateurs voient leur business menacé «par une campagne de «recouvrement musclée», menée par les services des impôts, le secteur des fruits et légumes destinés à l'exportation a connu pourtant, ces dernières années, un essor considérable enregistrant une forte croissance en 2017 grâce notamment à l'amélioration de la production, du conditionnement et de la commercialisation. La valeur des exportations marocaines de fruits et légumes a connu des hausses honorables en effet, notamment vers l'Espagne. Le royaume, premier exportateur de fruits et légumes vers l'Espagne en 2017, a exporté près de 429 millions d'euros durant les huit premiers mois de cette année là vers le pays ibérique.