Dans les années 1590, le sultan Saadien Ahmad al-Mansur, ayant consolidé son pouvoir après avoir écrasé à la bataille Oued Al Makhazine contre les portugais était déterminé à maintenir de bonnes relations avec les royaumes chrétiens. Pour y parvenir, il a préféré se diriger vers le sud, et ainsi, fomenter un projet militaire fou : traverser le Sahara et conquérir l'empire Songhaï en Afrique de l'Ouest. Grâce à son armée, le Maroc a réussi à prendre le contrôle des routes du commerce de l'or et du sel. Le sultan Al-Mansur a en vérité de nombreuses raisons économiques et politiques pour se lancer dans une expédition militaire contre l'Empire songhaï. Tout d'abord, l'Empire possède les salines de Teghaza, importante source de richesses à l'époque, et il est réputé abriter d'importantes mines d'or. Ensuite, le sultan y voit un moyen d'éloigner les nombreux chefs militaires de sa cour, devenus menaçants pour son pouvoir. Ces chefs militaires, issus d'Europe, forment deux groupes dits des Andalous (musulmans réfugiés d'Espagne) et des renégats (prisonniers chrétiens devenus musulmans). En 1591, le sultan nomme à la tête de l'expédition son général espagnol, Yudar Pacha, Né Diego de Guevara à Cuevas de Vera, province d'Almérie vers 1550 en Andalousie, Yudar était un énuque d'origine espagnole, un esclave capturé puis enrôlé dans les services du sultan alors qu'il était petit. Selon l'historien Jean Jolly, l'armée commandée par Yudar était composée de 1 000 arquebusiers renégats, 1 000 arquebusiers andalous, 500 spahis (arquebusiers à cheval) et 1 500 lanciers marocains comme troupe combattante. La logistique est assurée par 600 sapeurs et 1 000 hommes conduisant 8 000 chameaux et 1 000 chevaux. De cette grande armée, seulement 2000 survivront à la traversée du Sahara, les autres étant morts de soif et de maladies. Ces lourdes pertes n'empêcheront pas les troupes marocaines d'obtenir la victoire. Après un périple de quatre mois, Yudar a atteint le territoire de Songhaï avec ses forces qui capturent les mines de sel de Taghaza. Les Marocains ont ensuite avancé sur la capitale Songhaï, Gao.après quelques escarmouches entre les armées des deux empires, les troupes marocaines écrasent l'armée de l'Askia (titre royal) Ishak 2 de Songhaï à la bataille de Tondibi. Les 2000 hommes de Yudar Pacha font face à 30 000 hommes et 125000 cavaliers, ainsi que… 1000 zébus. Bien que les Songhaï avaient une cavalerie puissante, ils manquaient des armes à poudre à canon que possédaient les marocains, et qui furent décisifs pour le cours de la bataille. Les « soudanais ont envoyé une charge de 1 000 zébus pour détruire les lignes marocaines et couvrir leur infanteriece fut un echec, la charge de bétail étant repoussée par le bruit des coups de feu et le son des canons, ce qui a poussé les bête à fuir vers les lignes Songhaï. Ce fut le tour de l'infanterie Songhaï a continué à poursuivre l'armée marocaine comme prévu, mais ils ont été massacrés par des arquebusiers marocains. L'armée Songhaï a ensuite envoyé une charge de cavalerie sur les lignes marocaines. Après une escarmouche entre les cavaliers des deux côtés, Yudar mit ses arquebusiers en place et ouvrit le feu à l'aide d'arquebuses et de canons. Le reste de la cavalerie Songhaï a fui le terrain ou a été massacré par des tirs d'artillerie marocaine. En fin de journée, les survivants se battent au au corps à corps avec les marocains jusqu'à ce qu'ils soient tués. Yudar Pasha a poursuivi sa route, pris Gao la capitale de l'empire, puis s'est déplacé vers des centres commerciaux plus riches de Tombouctou et de Djenné. La prise des trois villes a marqué la fin de l'empire Songhaï en tant que force effective dans la région. Tombouctou et les mines d'or entrèrent donc sous contrôle marocain, et le sultan Ahmed, après avoir eu le surnom d'Al Mansour (le victorieux) s'est vu ajouter désormais le surnom d'Adahabi (le doré) suite au grand butin en or encaissé par le royaume suite à cette expédition.