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Hakim Belabbes : «Interdire n'a jamais été une solution»
Publié dans Les ECO le 17 - 01 - 2012

Les Echos quotidien : Comment avez-vous eu l'idée de réaliser un film qui traite de l'immigration clandestine ?
Hakim Belabbes : Il y a cinq ans de cela, j'avais fait un documentaire sur les artisans à Bejaâd. L'un de ces artisans qui avait à l'époque 37 ans, avait décidé un jour d'émigrer clandestinement en Espagne. Cependant, avant de quitter sa femme, il lui a promis de l'appeler trois jours après son départ. Il n'a jamais appelé... Sa femme et ses enfants n'ont aucune nouvelle de lui depuis cette date. C'est de là que m'est venue l'idée de faire ce long métrage. On est parti d'une page de trois petites séquences avant d'en arriver à la version finale.
Avant de commencer le tournage, l'idée d'en faire une fiction ou un documentaire s'est-elle posée ?
Cette problématique ne s'est jamais posée pour moi. Je sais qu'après avoir vu mon film «Rêves ardents», plusieurs personnes ont été bousculées et se sont demandés si ce long métrage était une fiction ou un documentaire. Je n'accorde pas beaucoup d'importance à la catégorisation de mes films. Il s'agit pour moi d'une expression comme une autre avec des images. Je n'ai pas peur de couper brusquement, d'aller de la fiction à la non fiction... L'essentiel est qu'il y ait une part de vérité dans ce qu'on raconte. Je pense que cette question est étroitement liée aux références de chacun de nous. Vous savez, je suis certain que les images de la capture d'El Kadhafi deviendront dans 30 ans un style cinématographique. Dans ce cas là, va-t-on parler dee fiction ou de non-fiction ? À mon sens, on est toujours dans la fiction, du moment qu'il y a une caméra qui cadre des personnes et des lieux. Le documentaire est une forme de fiction. Toutefois, il n'y a pas de meilleure fiction que la non-fiction !
Dans presque tous vos films, «les oubliés de la société» sont omniprésents. Pourquoi ce choix ?
Dans mes films, j'essaie de revenir sur ce qui est apparent, habituel et c'est à partir de là que je me rends compte que j'ai souvent raté l'essentiel. Pour revenir à votre question, ce qui se dégage des visages, des actions et parfois même des démarches de ces «petites gens» dont je fais partie, me procure une émotion toute particulière. C'est pourquoi, ils sont très présents dans mes productions.
Vous êtes devenu prolifique ces dernières années. Quel est votre secret ?
Je crois que c'est le manque de lourdeurs budgétaires qui me rend prolifique. En général, je trouve du mal à financer mes projets, parce que je n'écris pas, alors que la règle veut qu'on subventionne ce qui est écrit. Pour «Rêves ardents», le scénario a été écrit au jour le jour. La scène de la cigogne et de ses petits par exemple a été écrite sur place. Bref, je pense que le fait que je sois devenu prolifique est une question de chance avant tout. D'ailleurs, je suis en train de travailler sur un nouveau projet cinématographique.
De quoi s'agit-il au juste ?
De la légende d'Imilchil et ses héros, Isli et Tislit. Ce film sera un mélange de fiction et de documentaire. Vous savez, à chaque fois, qu'on rencontre ces «petites gens», les perspectives des acteurs changent. C'est la magie des relations humaines.
Concrètement, quel est le budget de «Rêves ardents» ?
Nous avons une petite source de financement qui est la SNRT, qui aide à la production de téléfilms. Personnellement, je me suis toujours demandé ce qu'était la différence entre un téléfilm et un film de cinéma. Hier, j'ai découvert une phrase de Jean-Luc Godard que je vais utiliser à partir d'aujourd'hui. Il a dit : «Il y a le visible et l'invisible. Quand vous êtes en train de filmer le visible, vous êtres en train de faire un téléfilm». J'estime que chaque fois que je prends une caméra, j'essaie de filmer l'invisible ou de rendre l'invisible visible. Je me permets ici d'apporter mon point de vue sur la télévision, puisqu'on en parle. Je pense que nous sommes arrivés à un stade de cumul d'images qui ne veut absolument rien dire, si ce n'est que de faire ingurgiter aux gens des lourdeurs, des médiocrités et de la lâcheté. Sinon, le film a coûté 2 millions de dirhams, dont 1 million en tant que contribution de la SNRT.
Avez-vous programmé la date de sa sortie dans les salles ?
Nous n'avons pas encore de date, mais ce sera pour bientôt. Au-delà de la date, nous sommes en train de parler du problème de la distribution. Si ce film qui a été tourné en numérique, doit être diffusé dans les salles marocaines, de plus en plus rares, cela veut dire qu'il doit être adapté au format 35 mm. Il va falloir donc sortir suffisamment de copies pour les salles nationales en ce format. Je ne pense pas que cela vaut le coup, vu le manque de moyens. Le film va être distribué tel qu'il est, avec des différences au niveau de l'image et du son... à moins qu'il n'y ait un distributeur prêt à prendre le risque. Sinon, ma productrice Latifa El Berki et moi-même, nous ne nous faisons pas d'illusions là-dessus. Toutefois, si le film a la chance d'atteindre un large public, nous serons heureux.
Quel regard portez-vous sur la liberté de l'artiste marocain, une question qui refait surface ces derniers temps ?
La plupart du temps, on s'autocensure, sans même le savoir. Parfois on ne s'autocensure pas par rapport aux tabous. D'ailleurs, il n'y a pas de tabous pour moi, il y a plutôt des manières de montrer la chose. Il s'agit surtout de la source de la métaphore. Personnellement, je ne crois pas du tout en la censure de l'Etat ou à l'autocensure. Je crois par contre à l'éthique. Parfois, j'ai presque honte de tourner une scène, de voler l'image de quelqu'un devant moi. C'est là où je m'arrête. Ce n'est pas de l'autocensure, mais c'est plutôt du respect de soi. Je suis persuadé que la seule chose que l'on ne peut pas contrôler, c'est notre imagination. Si on vient bousculer cette liberté, cela ne fera qu'envenimer la situation. Interdire n'a jamais été une solution.


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