Le film de Mohamed Zineddaine a été sélectionné par la 17e édition du Festival international du film de Marrakech dans sa section Panorama. Film dans la simplicité et le réalisme des cinémas chinois ou iranien, «La Guérisseuse», du réalisateur marocain, Mohamed Zineddaine, fait partie de la section Panorama, qui met en valeur les productions nationales aux yeux du monde. L'histoire se passe dans une petite ville minière où les hommes travaillent pour la plupart dans le Phosphate. Abdou, un adolescent de 16 ans, cherche à y trouver sa place. Serviable et simple, il ne sait ni lire ni écrire, mais souhaite apprendre. Il est le fils adoptif de M'barka, «la guérisseuse du village». Entre Naima, son amie, qui l'instruit, lui fait lire des histoires des Mille et une nuits et sa mère qui souhaite le laisser dans l'ignorance la plus totale, Abdou erre dans la ville avec son vélo. Un jour, sur le conseil de Abdou, Ch'aayba, trentenaire incontrôlable, cynique et pickpocket, se laisse convaincre de rendre visite à Mbarka pour soigner l'eczéma qui la fait souffrir. Dès lors, le sort liera ces trois personnages... «La nécessité de faire ce film est dictée par l'universalité de son thème : l'étude d'un pouvoir omniscient et des rapports de force perçus sous l'angle de la domination, de l'influence et de l'autorité d'un individu sur un "monde"» précise le réalisateur, jusque lors habitué des courts-métrages et des documentaires. «La Guérisseuse» est son deuxième long-métrage de fiction, après «Réveil», en 2005. «J'ai toujours éprouvé une grande fascination pour les personnages sombres, excessifs, qui sont, en quelque sorte, sous l'emprise de leurs démons et de tourments intérieurs. Mbarka et Ch'aayba font partie de cette famille», continue le réalisateur qui a souhaité opposer à ces deux personnages sombres, Abdou, une figure solaire, rare et rayonnante. «La construction du récit est soutenue par des souvenirs personnels et mon imaginaire. Cette mémoire se mêle à une autre, plus collective, qui provient de ma région d'origine. Les personnages, leurs rêves ou leurs cauchemars, leurs chemins sentimentaux, leurs illusions ou leurs désillusions, leurs joies de vivre ou leurs errances, sont rangés dans les tiroirs de mon esprit», continue le réalisateur également journaliste, scénariste, producteur et photographe. Natif de Oued-Zem, c'est un gamin difficile à l'école, un solitaire et un lecteur insatiable. En 1983 il met le cap sur Nice pour des études scientifiques, mais s'ennuie et préfère vagabonder dans les villes italiennes, du nord au sud, en exerçant un nombre incalculable de petits boulots. Il parvient enfin à trouver son «paradis terrestre» à Bologne où il vit depuis plus de 34 ans. «La Guérisseuse» est une fresque sociale contre l'ignorance, l'illettrisme et l'obscurantisme portée par des acteurs comme Ahmed Moustafid, Fatima Attif, Mehdi El Arroubi, Hanane Elkabani et Nisrine Adam. Fatima Attif porte le film sur ses épaules, comme elle porte le sort des habitants de sa petite ville. Un scénario co-écrit par Olivier Bombarda : «J'ai eu la chance de voir "Tu te souviens d'Adil ?", le deuxième long-métrage de Mohamed Zineddaine projeté dans la section «Coups de cœur» au festival de Marrakech en 2007. J'étais alors journaliste de cinéma pour la télévision en France (Arte) et impressionné par cette œuvre», confie le coscénariste qui organise une rencontre avec le réalisateur en lui confiant le souhait d'une collaboration éventuelle. Le film sera projeté le lundi 3 décembre au Palais des congrès de Marrakech.