Les 47e Assises de l'Union de la presse francophone, tenues en Arménie du 9 au 12 octobre, s'articulaient autour du traitement médiatique des questions liées à la migration. Journalistes et experts ont émis plusieurs recommandations pour déconstruire les discours négatifs sur les migrants. La migration est une caractéristique de l'humanité. Depuis toujours, les populations se déplacent d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre, fuyant les guerres, les persécutions ou tout simplement en quête de travail. Plus que jamais la migration est d'actualité. Les chaînes de télévisions, la presse écrite font quasiment leurs choux gras des malheureux Subsahariens perdus dans le désert ou en dérive dans la Méditerranée, des réfugiés syriens fuyant les bombes dans leur pays. Entre l'information et la manipulation, il n'y a qu'un pas que beaucoup de journalistes n'hésitent pas à franchir pour faire le buzz. On parle plus du côté négatif de la migration que de ses effets positifs. Le traitement des questions liées à la migration a été le thème des 47e Asssises de l'Union de la presse francophone qui se sont tenues du 9 au 12 octobre à Tsaghkadzor, près d'Erevan en Arménie. «Il est nécessaire de déconstruire les discours négatifs que l'on entend sur la migration. Il faut donner aux journalistes les outils pour mieux appréhender ce sujet si sensible. Il s'agit aussi d'exercer un travail déontologique et de donner des informations justes», résume Jean Kouchner, vice-président de l'Union internationale de la presse francophone lors de la clôture des travaux des assises. Durant 4 jours, journalistes et experts des questions de la migration ont débattu pour savoir comment produire une information juste et de qualité. Et surtout comment faire entendre la voix de ceux qui quittent leur pays, dans la douleur, pour essayer de reconstruire un avenir meilleur ailleurs ? Avant d'arriver à destination, ce sont des milliers de kilomètres de souffrance et des passeurs qui imposent leur loi. Comment donner une image plus positive de la migration? Colette Braeckman, grand reporter et spécialiste de l'actualité africaine en Belgique, propose d'embaucher des journalistes issus de l'immigration «Ces derniers auront plus de sensibilité face aux questions liées à la migration et pourront déconstruire les clichés», dit-elle. Il faut aussi encourager la création de médias communautaires. Nasser Kettane, PDG de Beur-FM (France), estime que les radios communautaires sont «les porte-voix» des sans-voix et des opprimés. Emilien Urbach, journaliste-reporter à l'Humanité (France) est plus virulent. Il parle d'une crise de l'accueil: «Si on ne faisait pas vivre les migrants dans des camps insalubres, ils feraient moins peur. Cette situation sert l'extrême-droite». D'où la responsabilité pour les journalistes d'informer tout en préservant la dignité des personnes. Le traitement médiatique de la migration a donc suscité de longs débats. «Ces réflexions seront rendues publiques grâce à un partenariat qui a été conclu entre l'UPF et l'Unesco. Un guide sera édité et mis à la disposition des journalistes», promet Khadija Ridouane, directrice exécutive de l'Union internationale de la presse francophone.