Le ministère de l'Education nationale organise les 2 et 3 octobre à Marrakech une rencontre pédagogique nationale sous le thème «L'université renouvelée : la licence, un enjeu pour la qualification académique et l'intégration professionnelle». Une rencontre qui fait la lumière sur la problématique de la qualité d'enseignement dans les établissements universitaires à accès ouverts. Les détails ! Les orientations royales en matière d'enseignement supérieur n'ont pas laissé les différentes parties prenantes du champ éducatif national indifférentes. Après moult débats animés par quelques acteurs du secteur privé, la tutelle se mobilise aujourd'hui pour tenter de dénouer une partie des problématiques d'un secteur crucial et «paralysant du développement du pays». Dans ce cadre, le ministère de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique organise, les 2 et 3 octobre dans la ville ocre, une première rencontre pédagogique nationale sous le thème «L'université renouvelée : la licence, un enjeu pour la qualification académique et l'intégration professionnelle». Cette rencontre placée sous le haut patronage du roi Mohammed VI, a rassemblé les acteurs du système d'éducation et d'enseignement supérieur, du monde de la politique et de l'entreprise autour du même objectif : débattre des différents aspects liés à la thématique traitée et examiner les voies et mécanismes permettant de mettre en œuvre les axes de la feuille de route tracée par le roi Mohammed VI dans son dernier discours à l'occasion de l'anniversaire de la révolution du roi et du peuple. Lors de ce discours, rappelons-le, le souverain a appelé les différentes parties prenantes à favoriser l'adéquation des formations avec les besoins du marché de l'emploi et l'intégration des diplômés dans la vie active, notamment au niveau du cycle de la licence dans les établissements universitaires à accès ouvert qui accueillent la majorité des étudiants universitaires. Lors de son discours inaugural, le chef du gouvernement Saâdeddine El Otmani a rappelé aux participants l'importance qu'accorde l'Exécutif à la question de l'enseignement supérieur comme étant l'un des secteurs-clés du développement du pays. «L'enseignement supérieur revêt une importance capitale pour le gouvernement. Etant la clé de voûte du développement et du progrès de notre pays, nous le plaçons donc comme un chantier prioritaire conformément aux directives royales et au programme du gouvernement», a souligné le chef du gouvernement. Une réforme en marche Le chef de l'Exécutif a mis en avant les efforts déployés dernièrement par le gouvernement avec pour objectif de mettre en œuvre les hautes instructions royales. Il s'agit de la généralisation de l'enseignement préscolaire à laquelle le gouvernement consacre une enveloppe de 30,22 milliards de dirhams. La mise en place du programme d'appui social aux élèves pour la rentrée 2018-19 «Programme Tayssir» est une autre source de fierté pour l'actuel gouvernement puisque selon la même source, ledit programme couvre plus de 2.700.000 enfants issus de familles défavorisées moyennant un budget global de 2,2 MMDH, contre 500 MDH qui lui a été consacré l'année dernière. Par ailleurs, en ce qui concerne la pénurie des ressources humaines, El Othmani a souligné l'importance du projet : «l'enseignant de demain» qui vise à répondre aux besoins croissants en enseignants dans les différentes branches et disciplines en formant 20.000 enseignants à l'horizon de l'année 2030 dans le cadre d'un nouveau cycle de formation baptisé «la licence pédagogique». En outre, l'approbation du projet de loi-cadre relative au système de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, annonce une nouvelle ère de l'enseignement supérieur au Maroc. Ce projet s'inscrit dans le cadre des hautes orientations royales visant à adopter une réforme, véritable et irréversible, du système national d'éducation et l'appel renouvelé du souverain pour l'appropriation de cette réforme et l'adhésion collective et sérieuse pour sa mise en œuvre. Des chiffres inquiétants Intervenant à la même occasion, le ministre de l'Education nationale, Said Amzazi, a (re)-dévoilé les différents dysfonctionnements qui entravent le développement des universités marocaines, notamment celles à accès libre. D'emblée, le ministre a relevé l'urgence de la réforme face au taux élevé de la déperdition scolaire, «seulement 30% des étudiants âgés entre 18 et 24 ans intègrent l'enseignement supérieur», a-t-il martelé, «d'où l'importance de l'engagement de toutes les parties prenantes pour réussir la vision de réforme du ministère, une vision globale qui couvre les différents cycles d'enseignement», a-t-il ajouté. Pour ce qui est du supérieur, le phénomène de la déperdition est tout aussi prégnant. Selon le ministre, 13,3% des étudiants obtiennent leur licence en 3 ans, 13% en 4 ans, 8% en 5 ans et 10% en 6 ans. La moyenne d'obtention d'une licence dans les universités à accès libre est de 4,5 années et seulement 45% des étudiants parviennent à sortir diplômés au cours de ce cycle. En plus, le taux d'employabilité des étudiants lauréats des universités à accès libre est très faible. Ceci est dû, selon la tutelle, à la non adéquation de la formation aux besoins du marché marocain de l'emploi, à l'absence d'une stratégie intégrée d'orientation, à la non-maîtrise des langues de la recherche et des sciences et enfin à la faible capacité d'assimilation des étudiants. «Il faut rappeler que 75% des étudiants admis au niveau de ces universités ont obtenu le baccalauréat avec la mention passable», souligne Said Amzazi. Les conditions d'une réussite «La réussite de la réforme de l'enseignement supérieur nécessite l'engagement immédiat des différentes parties prenantes ainsi que la prise en considération effective de la feuille de route tracée par le souverain», note le ministre de l'Education nationale, Said Amzazi, lors de son allocution. Pour Said Amzazi, la mise en place d'une stratégie efficiente d'orientation est indispensable à la réussite de ladite réforme, cette stratégie doit prendre en considération les aptitudes de chaque étudiant ainsi que ses ambitions afin qu'il soit plus engagé et déterminé à aller jusqu'au bout. En plus, les universités à accès libre doivent réviser l'architecture pédagogique du cycle de la licence et conformer les formations proposées aux besoins du marché de l'emploi en interagissant activement avec leur écosystème. Elles doivent, en outre, augmenter les volumes horaires destinés à l'apprentissage des langues étrangères et des soft-skils afin d'améliorer l'employabilité de leurs lauréats. «L'ambition qui nous anime est de transformer nos universités en établissements de savoir, reconnus mondialement, innovateurs et capables de concurrencer à l'international», a-t-il conclut. Il convient de mentionner que le programme de ces deux jours de réunion se poursuit et s'articule autour d'une séance d'ouverture, de 4 ateliers de travail et de deux tables rondes, la première sous le thème : «L'adéquation de la formation avec les exigences du marché du travail» et la seconde sous le thème : «Le système de crédits».