Jacques Audiard n'en finit par de surprendre. Après des bijoux du cinéma, le plus international des réalisateurs français adapte un western à l'écran avec un casting de rêve : John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed. On connaissait Jacques Audiard très festival de Cannes avec des films comme «Le Prophète» qui avait raflé le Prix du jury, «De Rouille et d'os» ou encore la Palme d'or pour «Dheepan». Mais Audiard, version américaine, qui y aurait pensé ? Pourtant ce génie l'a fait en prenant le plus américain des genres : le western ! «J'aime certains films de western des années 70 ou contemporains que j'ai pu voir mais je ne sais pas si je suis un fan de western en tant que genre, pas vraiment. Le livre contenait beaucoup d'éléments irrésistibles qui pouvaient en faire un western original», expliquait le réalisateur français en conférence de presse, ce week-end en marge du festival de la Mostra de Venise. «Je n'avais pas spécialement de références de western pour ce tournage». Et si référence il y a eu, c'est peut-être plus «La nuit du chasseur» ou des films d'Arthur Penn comme «Missouri Breaks» et «Little big man». Pourtant, il signe un western sous forme de conte à la fois décalé et trash où on ne peut s'empêcher de rire avant d'être dérangés par ses scènes à la limite du supportable. Adapté du roman éponyme, l'histoire se passe en Oregon en 1850 en pleine ruée vers l'or. Deux frères, Eli et Charlie Sisters, campés brillamment par John C. Reilly et Joaquin Phoenix, tentent de tuer un prospecteur d'or. S'ils ne réfléchissent que grâce à leurs armes, sur leur chemin, ils font la rencontre de têtes pensantes interprétées par Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed, qui vont leur permettre de trouver cet or. Mais la stupidité et la folie des grandeurs fera perdre à Eli, le plus jeune des frères, tous ses moyens. «The Sisters brothers» est moins un western qu'un conte en forme de western. «Pour moi, c'est un roman de formation, avec deux grands adultes qui sont encore un peu des enfants». Un film souvent violent, qui insiste sur la facilité d'utiliser les armes, surtout aux Etats-Unis. Une violence presque devenue normale qui est presque justifiée par la fin du film. L'acteur John C. Reilly, qui avait vu en le livre un potentiel de film dans les yeux d'Audiard a été clair en conférence de presse : l'histoire des Etats-Unis s'est faite de brutalité et de génocide, on a tué les Indiens et les buffles. Où va-t-on après la violence ? La violence ! Une chose est sûre, le film s'apprête à faire un long chemin et compte bien rafler quelques prix en fin de semaine.