En 2017, la Banque africaine d'export-import (Afreximbank) a accordé 8,5 milliards de financements et prévoit de décaisser jusqu'à 25 milliards de dollars à l'horizon 2021. Pourtant, les entreprises marocaines n'en profitent pas encore car elles semblent ignorer l'existence et le rôle de cette banque stratégique. C'est un acteur financier moins connu que la Banque africaine de développement (BAD), mais dont l'influence va certainement se renforcer au cours des prochaines années. Cet acteur continental n'est autre que la Banque africaine d'export-import (Afreximbank). Créée en 1993, cette institution financière célébrait cette année son 25e anniversaire dans la ville même où elle vit le jour, Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Comme chaque année, les actionnaires se sont déplacés pour approuver les comptes de la banque. Cette fois, la venue du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, en plus de l'hôte de cette assemblée générale, le chef de l'Etat nigérian, Muhammadu Buhari, ont rehaussé la dimension de cet événement annuel, qui attire également les principaux acteurs du commerce intra-africain. Présence marocaine Le Maroc, actionnaire d'Afreximbank, était discrètement représenté lors de ces travaux. Pour le royaume, dont la participation aux actions de cette banque panafricaine est évaluée à une quarantaine de millions de dollars, l'objectif est de contribuer à soutenir la dynamique des échanges intra-africains. Toutefois, bien qu'ayant officialisé son adhésion depuis 2013, ni le gouvernement marocain, ni ses entreprises n'ont pourtant encore reçu le moindre financement d'Afreximbank, contrairement à la BAD, qui compte le royaume comme premier client sur le continent. Hormis la signature en décembre 2017 d'un partenariat avec Attijariwafa bank, le tableau des interactions entre Afreximbank et les opérateurs marocains reste vierge. Pourtant, à l'heure où les entreprises marocaines se distinguent sur le continent comme de véritables champions de l'expansion au sud du Sahara, elles ont le profil idéal pour bénéficier des financements d'Afreximbank, dont le plan d'action prévoit le financement du commerce intra-africain à hauteur de 25 milliards de dollars à l'horizon 2021. Rapprochement Rien qu'en 2017, année d'enclenchement de cette feuille de route, la banque affirme avoir décaissé 8,5 milliards de dollars au profit des gouvernements et entreprises du continent. Ce montant aurait permis d'appuyer la réalisation de plateformes logistiques, de financer des grands groupes panafricains, mais aussi de créer un Fonds spécial pour le développement de l'import-export en Afrique (Funfed). À l'heure où la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) se met en place et que le royaume se préparer à adhérer à la CEDEAO, il serait opportun que les entreprises marocaines présentes sur le continent se rapprochent davantage d'Afreximbank afin de mieux profiter de ses capacités, à l'instar des grands groupes nigérians, principaux bénéficiaires, ces dernières années, des financements de la banque. Dr. Benedict Oramah Président d'Afreximbank Notre nouvelle plateforme Mansa est le prolongement naturel de la mission d'Afreximbank de développer et diversifier le commerce africain. Mansa stimulera le commerce africain en permettant de faire des vérifications efficaces sur le client tout en réduisant la charge opérationnelle et les coûts de mise en conformité. Parfois, un nouveau service est bénéfique à toutes les parties et Mansa en est le parfait exemple. Afreximbank a dirigé la création d'une plateforme d'informations sur la clientèle. Cette plateforme permettra aux établissements financiers et aux sociétés d'Afrique de répondre aux attentes des clients et des partenaires commerciaux tout en assurant une bonne conformité réglementaire. L'objectif de la plateforme est d'accroître le volume du commerce au sein de l'Afrique et avec l'Afrique en limitant les risques liés à la conformité, en renforçant les liens entre les banques et entreprises hors d'Afrique souhaitant faire des affaires avec les banques et entreprises africaines, et en promouvant la bonne gouvernance, la transparence et la responsabilisation». Commerce intra-africain : Afreximbank lance «Mansa» La Banque africaine d'import-export (Afreximbank) a lancé, en marge de son assemblée générale 2018 à Abuja, une plateforme d'informations sur la clientèle panafricaine, dénommée «Mansa». Cet outil est sensé apporter «une source fiable unique de données requises pour effectuer les vérifications nécessaires sur les contreparties en Afrique», indique la banque. «Mansa» se veut la plateforme centralisée de référence qui permet d'effectuer les vérifications sur les clients à travers le continent africain. «En fournissant des informations complètes, elle mettra fin à l'évaluation subjective des clients et éliminera l'idée, souvent injuste, qu'il est risqué de faire des affaires avec des entreprises africaines», poursuit Afreximbank. «Mansa» permettra également de mieux connaître le climat des affaires dans un pays et donnera des informations sur des services associés sur le continent. La plateforme tire son nom de Mansa Musa, puissant dirigeant de l'empire malien de l'Afrique de l'Ouest au 14e siècle, qui a donné plus de place à l'Afrique dans le monde et a développé le commerce en Afrique en faisant de Tombouctou le centre des affaires. On pense qu'il est le seul à avoir contrôlé la circulation de l'or entre l'Afrique et les pays méditerranéens.