En 2017, le commerce intra-africain s'est accru de 5,6% par rapport à l'année précédente, s'établissant à 128,25 milliards de dollars. Tel est le constat du rapport sur le commerce africain publié ce 11 juillet à Abuja à l'ouverture des assemblées générales annuelles de la banque africaine d'import-export (Afreximbank). C'est parti pour les assemblées générales annuelles d'Afreximbank. La banque africaine d'import-export, qui souffle cette année sa 25e bougie, tient ses AG 2018 à Abuja, la capitale du Nigeria. Les travaux ont commencé ce mercredi 11 juillet avec la présence de nombreuses personnalités politiques et économiques du continent. En ouverture hier à Abuja, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa était l'invité vedette. Il est venu chanter les louanges de l'accord sur la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) que son pays vient pourtant de signer depuis seulement une semaine après s'être abstenu de l'intégrer lors de son lancement en mars dernier à Kigali. «Après la signature, nous allons incessamment ratifier la ZLEC. Nous avions tardé à signer, le temps de bien en étudier les répercussions et de mener des consultations avec nos acteurs économiques», s'est justifié le président sud-africain pour qui, «la ZLEC est la meilleure opportunité que l'Afrique s'est offerte depuis les indépendances». Le Nigeria, pays hôte des activités de l'AG 2018 d'Afreximbank est toujours critiqué pour n'avoir pas non plus signé la ZLEC. Sur ce point, sa ministre des Finances est elle aussi assez catégorique : «nous menons actuellement de larges consultations avec nos acteurs économiques et nous ne devons pas nous précipiter», s'est défendue Kemi Adeosun, qui estime que son pays n'est pas opposé à cette initiative continentale, censée booster le commerce intra-africain. 8 milliards d'Afreximbank D'ailleurs en parlant de commerce intra-africain, le rapport publié hier à Abuja par Afreximbank note qu'il a connu une hausse de 5,6% en 2017, atteignant 128,25 milliards de dollars contre 121,51 milliards en 2016. Toutefois, à en croire les chiffres d'Afreximbank, le volume du commerce entre pays africains a peiné à dépasser cette fois la barre des 15% du total des échanges commerciaux africains avec le reste du monde. Ces échanges ont cru de 10,6%, s'établissant en 2017 à 907,63 milliards de dollars, contre 820,76 milliards en 2016. Les exportations d'hydrocarbures en représentent 45%. Pour contribuer à faciliter le commerce entre pays du continent, Afreximbank dit avoir décaissé 8 milliards de dollars en 2017 sur les 25 milliards prévus à l'horizon 2012. Cyril Ramaphosa, président de l'Afrique du Sud «La ZLEC est la meilleure opportunité qui s'est offerte à l'Afrique depuis les indépendances. Elle nous permettra d'améliorer nos routes et nos infrastructures de commerce.» Kemi Adeosun, ministre des Finances du Nigeria «Nous menons actuellement de larges consultations avec nos acteurs économiques et nous ne devons pas nous précipiter. Il est opportun avant d'intégrer la ZLEC de faire une appréciation juste de la situation. Au Nigeria, c'est ce que nous faisons depuis des mois.» Benedict Oramah, président directeur général d'Afreximbank «En 2017, Afreximbank a décaissé 8 milliards de dollars pour financer des projets censés soutenir le commerce intra-africain. Nous prévoyons une enveloppe de 25 milliards de dollars à l'horizon 2021. L'argent décaissé a profité à des organismes de financement mais aussi à construire des plateformes logistiques sur le continent.» ZLEC : le commissaire au Commerce de l'UA prochainement au Maroc Le commissaire au commerce et de l'industrie de l'Union Africaine, Albert Muchanga, annonce qu'il viendra prochainement au Maroc pour davantage expliquer les tenants et aboutissants de la ZLEC. «Nous menons actuellement des discussions avec la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et l'EAC (Communauté économique de l'Afrique de l'Est). Ce sera le cas avec l'ensemble des communautés régionales. Nous comptons ainsi nous déplacer dans certains pays, comme par exemple au Maroc pour parler de la ZLEC», a-t-il déclaré aux Inspirations ECO en marge des AG d'Afreximbank. À l'UA, on note toutefois que la paralysie de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) risque d'être un facteur de blocage à la concrétisation de certains projets de l'organisation, dont la ZLEC.