C'est une première sur le continent africain. La version en couleurs du film «Le voyage dans la lune», réalisé en 1902 par Georges Méliès sera projeté le 12 janvier à Tanger à l'occasion du coup d'envoi de la 13e édition du festival national du film. Chef-d'œuvre par excellence, ce film, plus d'un siècle après sa sortie, est à nouveau visible dans une version en couleurs. Les invités de la 13e édition de cette manifestation qui prendra fin le 21 janvier, auront donc l'occasion de découvrir une version inédite que l'on pensait perdue. En effet, cette version a été retrouvée en 1993 à Barcelone. Une aubaine pour les cinéphiles du monde entier. Une restauration complète est engagée, 17 ans après, par trois spécialistes dans ce domaine. Il s'agit des deux fondations françaises –la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma et la Fondation Technicolor pour le Patrimoine Cinéma- et d'une collection privée Lobster Films. Souhaitant diffuser le film auprès du plus large public possible, les deux fondations ont demandé au groupe AIR de composer la musique originale du film restauré. La version finale de ce bijou cinématographique a été présentée à l'ouverture du célèbre festival de Cannes le 11 mai dernier. Un événement qui a suscité la curiosité des professionnels qui ont découvert pour la première ce film en version restaurée. Une édition spéciale ? Aujourd'hui, le Centre cinématographique marocain (CCM) qui organise le festival du film national offre aux invités de ce rendez-vous (réalisateurs, acteurs, producteurs, journalistes, étudiants...), la possibilité de découvrir cette restauration hors du commun. Ce n'est pas tout, une présentation du travail de restauration ainsi qu'un débat sur les enjeux de la sauvegarde du patrimoine cinématographique en général précédera la projection du film. Il sera animé par Gilles Duval, de la Fondation Groupama Gan et Séverine Wemaere de la Fondation Technicolor. Ce débat donnera certainement un avant goût de cette édition qui sera marquée par la mise en place de bon nombre de tables rondes sur les films participants. Cette année encore, la compétition sera serrée. Un nombre important de films longs et courts métrages confondus entrent en lice pour le grand prix de cette manifestation. Si le CCM n'a pas encore dévoilé les longs métrages en compétition, l'on sait déjà qu'il y aura entre 15 et 20 films. Rappelez-vous que l'année dernière 19 longs et 18 courts métrages avaient été présentés au grand public dans le cadre de la compétition officielle. «Mort à vendre» de Faouzi Bensaïdi, «Andalousie, mon amour !» de Mohamed Nadif, «L'amante du Rif» de Narjiss Nejjar, «Le retour du fils» d'Ahmed Boulane, «Un Marocain à Paris», de Said Naciri, «Elle est diabétique, hypertendue et refuse toujours de crever 3» réalisé, cette fois-ci, par les frères Nouri, «Femme écrite» de Lahcen Zinoun... autant de films qui seront projetés au célèbre cinéma Roxy. Seul le tant attendu film «Zéro» de Nourredine Lkhamari manquera à ce rendez-vous. En effet, et selon son réalisateur, cette production n'est pas encore prête. Elle ne pourra donc être projetée à Tanger. Cette moisson cinématographique nationale que l'on ne peut qualifier que de prolifique sera projetée sous l'œil vigilant du grand penseur français Edgar Morin, désigné président du jury long métrage de cette édition. Il sera épaulé par le sociologue et ancien président du CCDH, Ahmed Herzenni, la journaliste marocaine Sanaa El Aji, le critique de cinéma libanais Brahim Al Ariss, l'ancien directeur artistique du Festival international du film de Fribourg (Suisse), Martial Knaebel, l'universitaire marocain Ahmed El Ftouh et le membre de la commission du Fonds Sud Cinéma Thierry Lenouvel. Côté courts métrages, le jury sera présidé par le cinéaste ivoirien Fadika Kramo-Lanciné, et composé de l'actrice marocaine Houda Rihani, de la directrice du cinéma à la Caisse centrale des activités sociales, du journaliste égyptien Ramy Abdelrazek et du cinéaste marocain Adil Fadili. Les deux jurys décerneront 15 prix au total répartis entre les deux compétitions. La 13e édition du festival national du film de Tanger s'avère donc un rendez-vous incontournable où lon peut diagnostiquer l'état des lieux du cinéma national. D'ailleurs, le débat sur la qualité des films qui seront projetés est très attendu !