«L'approvisionnement du pays en blé se poursuivra dans des conditions normales». C'est en ces mots qu'Aziz Abdelali, le directeur général de l'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL), nous décrit la situation du silo national en cette année qui tire à sa fin. L'Office vient, en effet, de tirer le bilan des approvisionnements, tablant sur «des disponibilités importantes sur le marché intérieur en blé local et importé», explique-t-on dans une communication officielle de la structure publique. Celle-ci annonce, dans la même foulée, que les stocks prévisionnels en blé tendre, à fin décembre, devraient dépasser la barre des 16 millions de quintaux (Mqx). Ces chiffres constitueraient un «record absolu» comparativement à ceux enregistrés, à période et conjoncture identiques, durant les campagnes précédentes. Selon les autorités de l'Onicl, ce volume sera, en tout cas, suffisant pour couvrir pendant «plus de quatre mois» la satisfaction des besoins des minoteries industrielles. Combinaison de facteurs D'autres détails explicatifs de ce volume exceptionnel, parlent notamment de l'importance du volume collecté en blé tendre. Ce dernier serait de l'ordre de plus de 21Mqx à ce jour, à l'issue d'une campagne de collecte qui se poursuivrait à un rythme normal, selon l'organisme public. Il faut souligner, au passage, que la bonne récolte enregistrée à la fin de la dernière campagne agricole (quelques 88Mqx), n' est pas un facteur étranger, même si la qualité de ce volume laissait beaucoup à désirer. Par ailleurs, à ceci s'ajouterait «les mesures prises par le Gouvernement dès le mois de septembre pour permettre des importations, à partir de la mi-novembre», avance-t-on auprès de l'Office. L'objectif en vue était, de fait, «le maintien d'un niveau de stock élevé à l'intérieur du pays afin de faciliter l'écoulement de la production nationale par le coupage», explique le DG de l'ONICL. En chiffres, il faut savoir que depuis le début de la campagne 2011/2012, les importations de céréales ont atteint 17,1 Mqx à la fin du mois dernier (Les Echos quotidien du 13 décembre 2011), constituées à 51% de maïs. Ce volume aurait régressé de 31% par rapport à la même date durant la campagne précédente, un recul expliqué par la baisse de près de 50% des importations de blés tendre et dur, sur les mêmes périodes comparées. Une mauvaise nouvelle pour les producteurs étrangers ? Stabilité des cours Quoi qu'il en soit, auprès des profesionnels regroupés au sein de la Fédération nationale de la minoterie, les réactions se rejoignent : «la situation actuelle du stock national devrait permettre de maintenir les prix en vigueur sur le marché local à un niveau raisonnable». Un constat qui se reflète à partir des cours actuels appliqués aux souks et aux halles aux grains du pays. À titre indicatif, pour la première semaine du mois en cours, l'ONICL affiche effectivement des cours moyens relativement stables par rapport à la campagne précédente. Le blé tendre se situe dans la fourchette tarifaire de 226-311 dirhams/quintal, contre 240-256 dirhams/quintal. Le blé dur connait la même tendance au maintien des cours. Seul l'orge, par contre, subit une évolution ascendante de ses cours depuis le mois d'août dernier, à un rythme qui ne semble toujours pas devoir ralentir en cette fin d'année. Point de vue Abdelali Aziz, DG de l'ONICL. Le niveau actuel du stock national a été possible grâce à la combinaison de plusieurs facteurs. L'un d'eux est notamment lié à l'amélioration de la situation sur les marchés internationaux. Le fait est que les cours des céréales se sont beaucoup raffermis à l'international, ce qui nous a permis d'importer suffisamment de blé de bonne qualité pour procéder au «coupage» (procédé de mélange entre le blé local et le blé étranger) du blé de production nationale, qui est, en général, de qualité bien moindre. Cela s'est également réalisé grâce à l'optimisation de notre système de management des importations des deux types de blé afin de pouvoir assurer l'approvisionnement du marché. Nous veillons, en effet, sur l'état d'approvisionnement du pays en céréales, en établissant des bilans prévisionnels, sur de longues périodes. Ce qui nous permet de prendre, par anticipation et en concertation avec les départements concernés, les mesures nécessaires pour garantir un approvisionnement normal et régulier. Nous sommes finalement arrivés à ce résultat, en termes de stock, à la fin de cette année, avec un chiffre, jusque là, jamais atteint. Nous verrons ce qui se passera au niveau de la production nationale, à partir d'avril prochain.