«L'élection de Karim Ghellab à la tête du nouveau Parlement a payé les frais du flou naturel de toute période transitoire». C'est en substance le message des députés de la nouvelle majorité qui a donné toutes ses voix à son nouveau président, avec un record de 222 députés qui ont pu faire passer le candidat de l'Istiqlal au premier tour. Depuis trois législatures, jamais un candidat de la majorité n'a été élu à la tête du Parlement avec un score aussi large. La tentative de l'Alliance pour la démocratie (G8) d'afficher son nouveau visage parlementaire s'est soldée par un échec, mais là encore, le vote du PAM pour le candidat du RNI donne une idée sur la collaboration étroite des deux partis de l'opposition. Dans la foulée, la discussion passionnée qui avait entouré le vote de la loi organique du Parlement lors de la session extraordinaire a refait surface. Ambigüité En effet, «même si l'USFP avait eu raison de soulever l'ambigüité de l'article 14, Karim Ghellab ne devait pas présenter sa démission devant les parlementaires, mais devant le président du gouvernement sortant», ont soutenu plusieurs députés du PJD. Le retrait des 32 députés du parti de la rose a été interprété comme une échappatoire pour ne pas voter contre le candidat de l'Istiqlal, ce qui aurait signifié l'enterrement définitif de la Koutla. Le boycott du vote a pourtant été justifié pour Ahmed Zaidi : «Ghellab prend ses fonctions aussitôt après son élection. C'est une double violation de la loi organique et de la Constitution». Le président sortant du groupe socialiste n'a rien voulu entendre sur les multiples interprétations que pourrait avoir l'article 14 de la loi organique. Essentiellement, celles indiquant que l'incompatibilité concerne le nouveau gouvernement, qui n'est pas encore nommé et que l'élection de Ghellab serait tout à fait constitutionnelle, vu que le nouveau gouvernement n'est pas encore nommé. Cette manière de voir les choses n'a pas non plus convaincu les députés du PAM, qui ont annoncé leur intention de saisir le Conseil constitutionnel, avant de tempérer leurs ambitions après l'annonce de l'acceptation du roi de la démission du nouveau président du Parlement, le jour même de son élection. La nouvelle loi organique du Parlement a pour sa part montré ses limites dés le début de cette législature. Les différences d'interprétation risquent de se multiplier à l'heure où le chantier de la restructuration légale et institutionnelle de la nouvelle Chambre est la priorité de cette rentrée, notamment la refonte des commissions et du règlement intérieur, qui nécessitent une large entente au sein des divers groupes.