La séance plénière du Parlement, lundi après-midi, ne s'est pas déroulée dans le calme. L'USFP a refusé de participer à l'élection du président de la Chambre des représentants dénonçant une violation de la loi. Il compte faire appel à la Cour constitutionnelle. « Nous ne cherchons pas à mettre les bâtons dans les roues de la majorité du nouveau gouvernement, mais à faire respecter la Constitution. Nous estimons que cela relève de nos obligations les plus élémentaires », déclare le président du groupe parlementaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Ahmed Zaidi. Lundi après-midi, sous la coupole du Parlement, l'élection du nouveau président de la Chambre des représentants ne s'est pas déroulée dans le calme escompté par la majorité. Elle a même suscité des débats houleux sur l'application de la nouvelle Constitution par le gouvernement d'Abdelilah Benkirane. L'USFP a tiré la sonnette d'alarme sur « les violations de la Constitution » menaçant inéluctablement la crédibilité d'un gouvernement qui n'a pas encore entamé ses fonctions. Le parti de l'opposition n'a pas hésité à se retirer séance tenante refusant de prendre part à cette élection ayant promu l'Istiqlalien Karim Ghellab président de la Chambre des représentants. Il a été élu à l'écrasante majorité avec 222 voix contre 82 pour le Rniste Mohamed Abbou. Le mauvais départ Le retard qu'a pris l'ouverture de la séance d'élection du nouveau président du Parlement ne laissait pas présager les turbulences qu'elle allait traverser. Rien ne s'est déroulé comme prévu ni sur le fond ni sur la forme, à en croire les anciens locataires. Sur la forme, la disposition traditionnelle des parlementaires et des ministres au sein de l'hémicycle n'a pas été respectée. Pas de distinction de fonction ou de qualité, l'emplacement de chacun a échappé à toutes les règles sauf à celle de la proximité politique. À cela s'ajoute aussi la manière avec laquelle se sont présentés les candidats à l'élection. Alors que chacun de ces derniers devait, en principe, se présenter lui-même et l'exprimer oralement au cours de la séance, ce sont plutôt ses camarades du groupe parlementaire qui ont joué ce rôle en annonçant le nom de leur candidat. Et c'est celui du Parti de l'Istiqlal qui a posé un réel problème. « Légalement, Kakim Ghellab ne peut exercer deux fonctions tant que le nouveau gouvernement n'est pas constitué. À l'heure de la tenue de l'élection, il occupait toujours sa fonction de ministre de l'Equipement et du Transport », souligne Ahmed Zaïdi. «À l'heure de la tenue de l'élection, Ghellab occupait toujours sa fonction de ministre de l'Equipement et du Transport». Ahmed Zaïdi, président du groupe parlementaire de l'USFP. Et de soulever « une grave violation de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif ». L'USFP a donc invoqué, à juste titre, l'article 14 de la loi organique de la Chambre des représentants qui stipule au premier paragraphe que « le mandat de membre de la Chambre des représentants est incompatible avec la qualité de membre du gouvernement ». La charrue avant les bœufs Pour l'USFP, le retrait s'est imposé automatiquement. « Nous le devons aux citoyens qui, à l'unanimité, ont voté pour la nouvelle Constitution. Elle doit être respectée par le nouveau gouvernement et non violée », s'indigne le président du groupe parlementaire de l'USFP. Malgré la démission de Karim Ghellab, le soir même du lundi, de son poste de ministre, le parti d'Abdelouahed Radi ne compte pas lâcher prise. « Nous n'avons pas participé à cette élection dont nous comptons, à présent, contester les résultats auprès de la Cour constitutionnelle », précise encore ce responsable du parti. L'USFP estime qu'il aurait été logique de reporter l'élection du nouveau président du Parlement plutôt que de l'organiser dans la « précipitation ». « Nous avons demandé le report de cette séance d'autant que le nouveau gouvernement n'est pas encore constitué. Mais la majorité a refusé», affirme Ahmed Zaïdi. « Un refus » qui traduirait « des calculs internes ». « Dès le début, la majorité a décidé de la séance plénière sans consulter les composantes du Parlement alors qu'il s'agit d'un poste clé. Le président du nouveau gouvernement a émis un communiqué à ce propos », fait remarquer ce parlementaire. Après cette élection, il faudra attendre que Benkirane annonce officiellement les membres de son gouvernement pour ensuite procéder à une seconde, celle des membres du bureau de Karim Ghellab. Avant, les deux élections se déroulaient en même temps.