Frappée durement par la chute des prix des matières premières, l'économie tchadienne tente de se relever dans un environnement sécuritaire toujours aussi incertain. L'Etat fait face à de sérieux problèmes de trésorerie. L'activité économique devrait progresser en 2018 au Tchad. La croissance est ainsi attendue à 2,4% au terme de cette année, contre un taux quasi nul de 0,6% enregistré en 2017. Le climat d'insécurité lié aux activités de Boko Haram continuera de pénaliser le secteur agricole dans l'ouest du pays, mais l'agriculture (12% du PIB) devrait soutenir la croissance, compte tenu de la volonté du gouvernement de stimuler la production du coton, afin de diversifier l'économie. En effet, par le plan quinquennal de développement (2016-2020), le gouvernement marque sa volonté de rééquilibrer l'économie, en valorisant le potentiel agricole. Ce plan prévoit aussi des volets sur l'amélioration du capital humain, de la gouvernance et de la protection sociale. Toutefois, cette volonté gouvernementale devrait se heurter à la fragilité des comptes publics. Les recettes fiscales, qui proviennent à 50 % de la production pétrolière, resteraient pénalisées par les difficultés persistantes dans ce secteur, qui ne retrouve pas ses niveaux d'avant 2014; notamment à cause de la réduction des investissements de Glencore. Réduction des dépenses Cependant, l'activité pétrolière reste dominante (un cinquième du PIB) et l'exploitation de nouveaux champs pétroliers dans le sud du pays viendraient soutenir l'activité. Les investissements des compagnies pétrolières devraient continuer d'augmenter légèrement, sous la forme d'investissements directs à l'étranger (3,2% du PIB en 2017 selon les estimations du FMI). Enfin, la consommation privée sera pénalisée par la réduction des dépenses publiques et la hausse de l'inflation, bien que celle-ci soit contenue par la fixation du franc CFA à l'euro. Les recettes budgétaires, dont la moitié provient des revenus pétroliers, devraient augmenter, en lien avec l'évolution des cours du pétrole et la mise en service de nouveaux champs pétroliers. Difficultés budgétaires L'assistance budgétaire des différents bailleurs de fonds demeure un poste important de recettes. L'assiette fiscale est extrêmement réduite et conduit le gouvernement à accroître l'imposition sur les investisseurs étrangers, affaiblissant l'environnement des affaires. En outre, les troubles régionaux ont entraîné la hausse des dépenses de sécurité, ce qui ne permet pas au gouvernement d'allouer plus de dépenses pour soutenir la croissance. En raison de ces difficultés budgétaires, le FMI a approuvé à l'été 2017 un accord de trois ans à hauteur de 312 millions de dollars, pour «rétablir la stabilité macro-économique, jeter les bases d'une croissance solide et inclusive». Environ 49 millions de dollars ont été directement décaissés, le reste du montant étant échelonné sur la durée du programme. Conditionné à l'issue de la renégociation de la dette du pays, le prochain tirage, d'ores et déjà repoussé, est, néanmoins, menacé. Demande interne Le déficit courant devrait augmenter. Malgré la faiblesse de la demande interne et notamment de l'investissement, les importations devraient légèrement progresser en ligne avec la progression de l'activité. Les fragilités de la production pétrolière (près de 90% des exportations) et le terrorisme dans la région du Lac Tchad, dépendante de l'agriculture, pénaliseraient les exportations pétrolières et agricoles. Fiche pays TCHAD Taille 11,9 millions de consommateurs Monnaie Franc CFA PIB/Hbt 852 dollars Croissance 2,4% (2018p.) Région économique CEMAC Note Coface D (Risque très élevé) Doing business 2018 180e/189 Environnement sécuritaire incertain Idriss Déby, président depuis 1991, a été réélu en 2016 pour un cinquième mandat de cinq ans. Après avoir reporté les élections législatives en 2017, faute de moyens financiers, le président a déclaré qu'elles devraient avoir lieu en 2018. Cette incertitude électorale, couplée aux faibles performances économiques, seraient susceptibles de conduire à davantage de mécontentement social. En outre, les tensions régionales (Soudan, république centrafricaine) ont considérablement augmenté l'afflux des réfugiés dans le pays, tandis que les attaques de Boko Haram ont entraîné les déplacements des populations au sein du pays. La situation humanitaire dans le pays est de plus en plus inquiétante, les Nations Unies estimant que 3,5 millions de personnes étaient en situation d'insécurité alimentaire en 2016. Enfin, le Tchad figure comme l'un des pays où l'environnement des affaires est le plus difficile (180e sur 189 pays au classement Doing Business de la Banque mondiale). La corruption y est endémique et ne semble pas s'améliorer, le pays ayant été déclassé au 159e rang du classement Transparency international (176 pays évalués).