Malmenée par la chute des prix du pétrole, l'économie tchadienne espère se relever grâce à la vingtaine de milliards d'euros récoltés pour financer le Plan national de développement. Après une récession marquée en 2016, l'activité économique devrait se stabiliser progressivement en 2017. Le taux de croissance du PIB prévu ne dépassera toutefois pas 0,3%. Certes, l'exploitation pétrolière reste dominante (un cinquième du PIB) et fait face à des difficultés persistantes liées à la faiblesse des prix du pétrole. Néanmoins, une hausse même modérée des cours et l'exploitation de nouveaux champs pétroliers dans le sud du pays, notamment celui de Bongor, viendraient légèrement soutenir l'activité. Par ailleurs, le secteur non pétrolier serait porteur. Les secteurs du commerce et du transport (22% du PIB), encore pénalisés par la détérioration des conditions de sécurité dans le pays et aux frontières, connaîtraient une embellie. Le secteur agricole (12% du PIB) devrait tirer la croissance, compte tenu de la volonté du gouvernement de soutenir la production de coton afin de diversifier l'économie, et ce malgré la faiblesse des cours mondiaux. Conférence de Paris Par le plan quinquennal de développement (2016-2020), le gouvernement marque sa volonté de rééquilibrer l'économie, en valorisant le potentiel agricole du pays. Ce plan prévoit aussi des volets sur l'amélioration du capital humain, de la gouvernance et de la protection sociale. Cependant, les projets d'investissements publics resteraient contraints par la faiblesse des ressources de l'Etat, ce qui a poussé les pouvoirs publics à partir à la recherche d'investisseurs privés. C'est ainsi que les 7 et 8 septembre courant, le gouvernement, conduit par le chef de l'Etat, Idriss Déby, a organisé à Paris une Conférence de financement du Plan national de développement (PND) tchadien. Des milliards pour le PND Au total, près de 20 milliards d'euros de promesses de financements ont été annoncés, alors que les autorités limitaient leur objectif à 4,5 milliards d'euros. Ces fonds sont destinés à la contribution des projets prévus dans le cadre du PND, étalé sur la période 2017-2021, et dont le coût global de mise en œuvre est estimé à près de 10 milliards de dollars. L'Etat en assurera le financement à hauteur de seulement de 11% alors qu'au moins 2,2 milliards de dollars de contribution extérieure avaient déjà été acquis avant cette table ronde, soit 22% du coût global. À Paris, ça a donc été le jackpot pour ce pays enclavé d'Afrique centrale, confronté à d'énormes défis sécuritaires, financiers et économiques. Pays émergent ? Il est à noter que «La Vision 2030, le Tchad que nous voulons» vise à faire de ce pays une économie émergente à l'horizon 2030. La phase étalée sur la période 2017-2021 est basée sur quatre axes stratégiques: le renforcement de l'unité nationale, le renforcement de la bonne gouvernance et de l'Etat de droit, le développement d'une économie diversifiée et compétitive et, enfin, l'amélioration de la qualité de vie de la population tchadienne. Fiche pays TCHAD Taille 11,5 millions de consommateurs Monnaie franc CFA PIB/Hbt 942 dollars Croissance 0,3% (2017p.) Région économique CEMAC Note Coface D Doing business 2017 183e/189 Forte insécurité dans la région du lac Tchad Les principaux risques proviennent du conflit armé avec Boko Haram. Principalement implanté dans le nord du Nigeria et dans la région du lac Tchad, Boko Haram a mené un nombre croissant d'attaques suicides dans cette région depuis l'année 2015. Afin d'éradiquer son influence dans la région, la coopération militaire entre les quatre pays limitrophes du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) et la France demeure forte. Le Tchad est très actif dans la lutte contre ce groupe terroriste. Les problèmes sécuritaires découlent aussi de l'extension de la pauvreté et de l'apparition de la famine, liées à la perte de 90% de la surface du lac Tchad en quelques décennies, qui favorisent le passage de jeunes à Boko Haram. Le lac, autour duquel vivent plus de 50 millions de personnes, est essentiel pour l'agriculture et la pêche. La gouvernance demeure préoccupante, dans la mesure où le Tchad est comme l'un des pays où l'environnement des affaires est le plus difficile (183e sur 189 pays au dernier classement Doing Business de la Banque mondiale). La corruption y est également endémique.