Le Tchad, qui comptait sur les retombées de l'exploitation du pétrole pour assurer son essor économique, doit désormais conjuguer avec le recul conséquent des prix du baril. L'économie tchadienne continue de subir les effets de la chute des prix du baril. En effet, «le ralentissement observé de l'activité en 2015, principalement affecté par la faiblesse des prix du pétrole, devrait se poursuivre en 2016», prévoit Coface. Le secteur pétrolier reste en effet le secteur dominant de l'économie, représentant un cinquième du PIB. L'exploitation de nouveaux champs pétroliers dans le sud du pays, notamment celui de Bongor, bénéficierait cependant à l'économie d'ici 2017. De leur côté, les secteurs du commerce et du transport (22 % du PIB) seraient pénalisés par la détérioration des conditions de sécurité dans le pays et aux frontières. L'inverse, le secteur agricole (12% du PIB) pourrait tirer la croissance, compte tenu de la volonté du gouvernement de soutenir la production de coton afin de diversifier l'économie, et ceci malgré la faiblesse des cours mondiaux. Enfin, le secteur de la construction pâtirait de l'exaspération du gouvernement vis-à-vis de l'accumulation d'arriérés de paiement dans ce secteur. Inflation Avec ce tableau, les analystes de Coface estiment que «les projets d'investissements publics resteraient contraints par la faiblesse des ressources de l'Etat». Seulement, la dépréciation passée du Franc CFA, la monnaie commune au pays membres de la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEMAC), et qui est ancrée à l'euro, soutiendrait les exportations. Dans ce contexte, l'inflation diminuerait en 2016 sous l'effet d'une moindre dépréciation du Franc CFA face au dollar et d'une amélioration du déficit courant. Les réserves de change de la Banque centrale devraient augmenter légèrement, à 1,8 mois d'importations. Ce niveau est toutefois inférieur à un niveau adéquat de 3-4 mois d'importations pour une économie en développement. Nouveaux gisements La dégradation de la situation sécuritaire au cours des derniers mois de 2015 et les élections présidentielles et législatives prévues en 2016, devraient accroître sensiblement les dépenses publiques. Toutefois, l'augmentation attendue des recettes permettrait de limiter la dégradation du déficit public : les revenus pétroliers, divisés par quatre depuis 2012, seraient toujours affectés par la faiblesse des prix du pétrole. Cependant, les aides internationales ont augmenté d'un tiers depuis 2012 et représentent désormais un quart des recettes du pays tandis que les revenus non pétroliers devraient également croître. L'exploitation de nouveaux gisements pétroliers serait également une nouvelle source de recettes à moyen terme. Menaces de Boko Haram et présidentielle en vue Les élections législatives, initialement prévues en juin 2015, ont finalement été reportées au second semestre 2016 afin de permettre à la Commission électorale nationale indépendante d'introduire des cartes électorales biométriques. Président depuis 1991, Idriss Déby à l'intention de briguer un nouveau mandat. Par ailleurs, les principaux risques proviennent du conflit armé avec le groupe Boko Haram. Principalement implanté dans le nord du Nigéria et dans la région du lac Tchad, Boko Haram a mené un nombre croissant d'attentats suicides dans cette région au cours de l'année 2015. Selon Coface, la gouvernance demeure préoccupante, dans la mesure où le Tchad figure comme l'un des pays où l'environnement des affaires est le plus difficile (186e sur 189 pays au dernier classement Doing Business de la Banque mondiale). La corruption y est également endémique (154e sur 175 pays selon Transparency International).