Alors que les Nigériens attendent l'annonce des premiers résultats des élections présidentielles et législatives. Zoom sur les principaux indicateurs économiques du pays. Le vote a finalement duré 48 heures dans certaines localités du Niger. Suite au «retard» du démarrage du scrutin dans plusieurs bureaux de vote, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de prolonger d'une journée les élections entamées le dimanche 21 février. À l'heure où nous mettions sous presse, aucun résultat provisoire n'était encore annoncé. Avec ce double scrutin, présidentiel et législatif, ce pays de l'Afrique de l'Ouest fait face, en plus des menaces sécuritaires nourries par Boko Haram, à une incertitude politique. Perspectives favorables ? Sur le plan économique, Coface annonce malgré tout des «perspectives de croissance favorables en dépit de la détérioration de la situation sécuritaire et de l'atonie du marché de l'uranium». Le recul de la production agricole, après les performances enregistrées dans ce secteur en 2014, ainsi que la baisse des cours et de la production dans les secteurs minier et pétrolier, sont à l'origine du ralentissement de la croissance en 2015. En revanche, les services (commerce, transports, communications) ont connu un dynamisme certain. Pour Coface, «les perspectives économiques à moyen terme restent favorables compte tenu des efforts engagés pour accroître la production agricole dans le cadre de l'initiative 3N (Les Nigériens nourrissent les Nigériens)». En plus, la hausse attendue des capacités de raffinage de pétrole et de la poursuite des grands projets d'infrastructure (échangeurs autoroutiers, liaison ferroviaire, cimenterie, barrage, centrales, oléoduc) devraient contribuer à la réalisation d'une croissance honorable de 5% en 2016. Vitalité démographique Toutefois, l'activité d'extraction d'uranium, principale source d'entrées de devises, est en recul depuis ces dernières années suite à l'accident de Fukushima en 2011 et aux attentats djihadistes de 2013 contre un site d'Areva. De plus, le projet minier géant d'Imouraren, qui devrait permettre de faire du Niger le deuxième producteur mondial d'uranium, a été mis en sommeil en raison de la détérioration des conditions du marché international. En dépit de ses richesses, et bien que certains indicateurs sociaux se soient améliorés, le Niger demeure l'un des pays les plus pauvres du monde. Il se place ainsi au dernier rang des nations selon l'indice de développement humain et 44% de la population vit en deçà du seuil de pauvreté (1,25 dollar par jour). La vitalité de sa démographie exacerbe le chômage des jeunes. Par ailleurs, l'économie du pays souffre encore de sa trop forte dépendance à l'égard de l'agriculture de subsistance, d'un manque d'infrastructure et de la faiblesse des institutions. Menaces sécuritaires Le climat des affaires s'améliore légèrement (adoption d'un nouveau code des investissements, réduction du capital minimum requis pour créer une société, accès plus rapide à l'eau, meilleur système d'information sur le crédit) mais reste encore difficile. L'inflation, guidée en grande partie par l'évolution des prix des denrées alimentaires, demeure inférieure à la norme communautaire fixée à 3% par l'UEMOA. Enfin, le pays doit faire face à la persistance de poches d'insécurité le long de ses frontières Sud et Nord. Le principal risque porte sur la situation sécuritaire, qui s'est dégradée en 2015 du fait du renforcement des attaques de Boko Haram au Nigeria et de ses incursions dans le Sud-Est du Niger. Celles-ci ont entraîné un afflux de réfugiés et des déplacements de la population, perturbé le commerce transfrontalier et exercé des pressions sur le budget. Dans ce contexte, le Niger a accru ses effectifs militaires dans le Sud du pays et rejoint la force militaire régionale, qui regroupe également le Bénin, le Tchad, le Cameroun et le Nigeria.