La croissance de l'économie gabonaise est sensiblement affectée par la baisse des cours du pétrole. L'assèchement des revenus de l'Etat risque de porter un sérieux coup au Plan Gabon émergent. Le Gabon, 5e producteur africain de pétrole, est touché de plein fouet par la chute des cours de l'or noir. Déjà en 2015, le repli des cours mondiaux avait entraîné une nette diminution de la croissance, qui est redescendue à 2,5% contre 4,3% en 2014. Dans ce pays de l'Afrique centrale, les revenus de l'Etat reposent à 50% sur les recettes pétrolières. L'assèchement des ressources financières du pays risque de perdurer pour l'année en cours, même si du côté des analystes de Coface, on prédit «un raffermissement» de l'activité économique. Celle-ci devrait être portée «par les dépenses électorales, le secteur des ressources naturelles (agroalimentaire, mines d'or et de manganèse, transformation du bois) et celui des services», indique Coface. Malgré tout, l'impact des coupes dans les dépenses d'investissement, auxquelles a été contraint de recourir le gouvernement en 2015 devrait se répéter si les prix du baril restent à leur bas niveau actuel. Menaces sur l'émergence En outre, la découverte de nouveaux gisements de pétrole n'a pas compensé l'épuisement progressif des anciens gisements et le pays se trouve confronté à un déclin de sa production d'or noir. L'exploration pétrolière risque à présent de pâtir de la baisse du prix du baril. La morosité du marché pétrolier étant également à l'origine du ralentissement de l'investissement public, l'effort de diversification et de modernisation de l'économie entrepris par les autorités dans le cadre du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) risque également d'être freiné. Cela, d'autant plus qu'en dépit de la richesse pétrolière, le niveau de pauvreté et de chômage reste élevé. En effet, «cette richesse ne s'est pas traduite par une réelle amélioration des conditions de vie de la population du fait de nombreux obstacles au développement», écrit Coface. Ces obstacles sont liés à l'insuffisance des infrastructures, notamment de transport, le manque de qualification de la main-d'œuvre et la faiblesse de l'environnement des affaires. Toutes ces «contraintes pourraient être un jour réduites si les objectifs du PSGE sont atteints», espère Coface. Richesses Le Gabon peut malgré tout compter sur ses nombreuses autres richesses. En plus d'être 5e producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, ce pays est également 2e producteur africain de bois et occupe la première place convoitée de producteur mondial de manganèse. Les efforts de diversification de l'économie entrepris dans le cadre du plan «Gabon émergent» devraient commencer à porter leurs fruits dans le moyen terme, si toutefois l'absence de moyens financiers ne freine pas l'élan du gouvernement. Situation tendue à l'approche des élections La situation politique se tend progressivement à l'approche des élections présidentielles et législatives. Celles-ci sont en principe prévues courant 2016, alors que la situation économique se détériore. Des défections au sein du parti au pouvoir et la création d'un front de l'opposition, même si les divisions en son sein sont loin d'avoir disparues, devraient donner lieu à des scrutins plus disputés que par le passé. En outre, un courant dissident s'est formé au sein du parti au pouvoir, déplorant le manque de démocratie de cette formation. Par ailleurs, l'absence d'amélioration du niveau de vie pour une grande partie de la population, le niveau élevé du chômage et la faiblesse des services publics alimentent le mécontentement social.