La plateforme concurrente explique que l'enquête selon laquelle «91% de marocains souhaitent quitter le pays» serait entachée de «fautes de calculs et de bases de données non représentatives». Selon une étude largement relayée, publiée lors du mois d'avril et intitulée «La migration des talents marocains», réalisée par le portail de recrutement «ReKrute.com», 91% de marocains seraient prêts à quitter le Maroc et à aller s'installer à l'étranger. Une situation globalement due au fait que les entreprises marocaines n'engagent pas les efforts nécessaires pour retenir et fidéliser les talents marocains. Si le ressenti général corrobore en partie les résultats de l'étude, la plateforme concurrente Amaljob.com a quant à elle vivement critiqué la méthodologie entreprise par ReKrute. «Le but de notre intervention pour cette contre-analyse des statistiques diffusées par le site du e-recrutement est d'informer le lecteur, pour qu'il ne soit pas induit en erreur, sur l'origine des chiffres communiqués, le degré de leur représentativité et la façon dont ils ont été interprétés», explique le management d'Amaljob dans un communiqué, où il est expliqué que des «statistiques émanant d'une simple base de données ne peuvent être assimilées à un sondage et représenter la population marocaine». Plus précisément, les auteurs de la contre-étude expliquent qu'il y a confusion au niveau de la fiche signalétique; puisque «le sondage évoque les talents, les bac+3, les débutants de moins de 25 ans, les MRE, les marocains en général...donc en contradiction avec le sujet». Le mode d'administration est également critiqué car reposant sur des «mails transmis aux inscrits, auxquels 1882 personnes ont répondu». Ce chiffre ne représenterait pas un seul sondage «mais une combinaison de deux questionnaires». Le 1er adressé aux inscrits résidents au Maroc: 78% soit 1467 répondants au sujet de la migration à l'étranger. Le 2ème adressé aux marocains résidents dans trois pays étrangers (France, Canada, Sénégal): 20%, soit 376 répondants au sujet de leur retour à la mère patrie. Il s'agirait donc de deux enquêtes visant deux populations différentes «d'un effectif déséquilibré et d'objectifs opposés». Ensuite, les résultats seraient tronqués à cause «d'un mauvais calcul»: «les graphes représentant la fonction, le pays de résidence » et celui de destination, affichent un total de pourcentages des histogrammes respectifs de 73 et 98% au lieu de 100% comme il se doit». Surtout, le chiffre polémique de 91% de marocains souhaitant s'exporter selon ReKrute, Amaljob répond que «ce pourcentage ne peut se concevoir à l'instar des autres chiffres annoncés. D'ailleurs la répartition géographique des répondants au Maroc n'a pas été communiquée. «Ce sondage effectué par mailing de la base de données du site, n'est que le reflet de cette base de données et aucune extrapolation ne peut y être donnée. Si 91% des inscrits veulent quitter le Maroc, cela n'est pas inquiétant.Ces chiffres sont un sondage de leur base de données qui sont loin d'être représentatifs de toute une population». Concernant la taille de l'échantillon de l'enquête qui est 12.499, les concurrent de ReKrute indiquent que «ce chiffre a pu être atteint à l'occasion de la tournée de la «caravane emploi et métiers» dans quatre régions du Maroc.Ce sont les inscrits aux salons de la caravane, originaires de différentes villes qui ont répondu au questionnaire de l'enquête. Il est évident de constater que ce ne sont pas 91% des marocains qui veulent quitter le pays et aller vivre à l'étranger (44% préférant y rester à vie) ni même le Canada, pays préféré des sondés». La qualité de vie, une donnée-clé Selon l'enquête ReKrute, les marocains sont tentés par le travail à l'étranger principalement pour se garantir une meilleure qualité de vie, une meilleure évolution de carrière et un meilleur environnement de travail. Plus précisément, pour les moins de 35 ans, l'évolution de carrière passe avant tout. Elle figure en première position (66%), suivie de la qualité de vie (56%) et de l'environnement du travail. La réussite professionnelle de ces jeunes actifs est leur priorité, contrairement à des profils plus expérimentés et seniors. Plus ils avancent dans l'âge, plus la raison «qualité de vie» prend de l'importance aux yeux des marocains. La carrière se retrouve alors bien derrière.